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Le Maroc sanctionne un imam pour avoir critiqué le festival Mawazine

Les imams souffrent de la multiplication et la complexité des lignes rouges. Outre la monarchie, l’Islam et le Sahara,  ils viennent de découvrir, à leur corps défendant, que toute critique du festival Mawazine est passible de sanction.

Véritable gardien du temple, le ministère des Affaires islamiques tient à garder un contrôle total sur ses salariés. Au moindre écart, le département dirigé par Ahmed Taoufiq agit, illico presto, et ordonne la suspension du mis en cause. Une mesure qui vient de frapper un imam d’une mosquée à Fès pour avoir critiqué, dans ses prêches du 31 mai et 7 juin, respectivement les festivals Mawazine et celui des Musiques sacrées du monde, a indiqué dans son édition du lundi le quotidien arabophone Attajdid, une publication appartenant au Mouvement Unicité et Réformes, la matrice du PJD.

Prier pour Abdeslam Yassine mène à la suspension
Ce genre de sanction contre certains religieux qui osent exprimer des opinions contraires à la ligne prônée par le ministère, est de plus en plus fréquent. Des mesures de représailles qui s’inscrivent dans la guerre que livre, depuis des années, les Affaires islamiques contre des imams proches du MUR, d’Al Adl Wal Ihssane et les salafistes. C’est sa manière de barrer la route à ces factions qui veulent propager leurs idées auprès des fidèles et livrer, ainsi, une concurrence à l’islam officiel de l’Etat. En février dernier, ce département a ainsi suspendu, d’un seul coup, cinq imams qui ont commis le sacrilège de prier pour le repos de l’âme de Abdeslam Yassine, décédé quelques jours auparavant.

Critiquer la politique américaine n’est pas toléré
Il n’y a pas que le festival Mawazine ou Abdeslam Yassine qui conduisent les imams à la suspension, les Etats-Unis aussi. Juin 2007, un imam de la localité de Had Soualem, relevant de la province de Settat, avait été relevé de ses fonctions pour avoir dénoncé, dans un prêche du vendredi, la politique américaine dans le monde arabo-musulman. Ses dix ans de travail ne lui ont pas épargné une mesure expéditive.

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Si le ministère des Affaires islamiques exige des religieux d’éviter d’aborder des sujets politiques dans leurs sermons du vendredi, il n’a pas hésité cependant à appeler ces mêmes imams à inciter les fidèles à voter, lors du referendum du 1er juillet 2011, en faveur de l’actuelle constitution.