Le président égyptien Mohamed Morsi a affirmé que « le Caire ne laissera pas Gaza seule ». Il a qualifié les raids israéliens à Gaza d' »agression flagrante contre l’humanité ». « Je leur dis au nom de tout le peuple égyptien que l’Egypte d’aujourd’hui est différente de l’Egypte d’hier, et que les Arabes d’aujourd’hui sont différents des Arabes d’hier », a-t-il dit dans une brève déclaration après avoir prié dans une mosquée du Caire.
Une trêve de 3 heures non respectée
Le Premier ministre égyptien s’est engagé vendredi lors d’une visite à Gaza à oeuvrer en faveur d’une trêve pour mettre fin aux hostilités entre Israël et groupes palestiniens, qui ont fait 23 tués, 20 Palestiniens et trois Israéliens, en trois jours. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine campagne électorale, avait accepté de suspendre son offensive aérienne intensive, le temps de la visite de M. Qandil, mais les deux camps se sont mutuellement accusé de ne pas respecter cette trêve ponctuelle.
Les Etats-Unis avaient appelé jeudi l’Egypte, dirigée par les Frères musulmans, mouvement dont est issu le Hamas au pouvoir à Gaza, à exercer son influence pour calmer la situation.
Terre et mer
L’offensive israélienne aérienne et maritime « Pilier de la défense » contre le Hamas dans la Bande de Gaza entre aujourd’hui dans son troisième jour, vendredi. Trois civils israéliens ont également été tués dans le sud de l’Etat hébreu, lorsqu’un projectile s’est abattu contre leur immeuble.
Pour la première fois, trois roquettes sont tombées à proximité de Tel Aviv, le coeur d’Israël, sans faire de victimes ni de dégats.
Tôt vendredi, 85 missiles ont explosé en 45 minutes dans la ville de Gaza, plongeant la ville dans une épaisse fumée noire. Un missile a également frappé le ministère de l’intérieur, un symbole du pouvoir du Hamas.
L’aviation israélienne a continué vendredi à frapper massivement les réserves d’armes des militants du Hamas. Israël n’exclut pas une intervention terrestre.
Des tanks israéliens, des troupes et des véhicules blindés s’amassent progressivement à la frontière avec le territoire palestinien, au sud d’Israël.
L’offensive israélienne « Pilier de la défense » contre le Hamas est la plus importante depuis celle de la fin 2008-début 2009 dans le petit territoire palestinien.
Condamnation mondiale
Washington et Londres ont clairement soutenu le droit d’Israël à se défendre contre le Hamas qu’ils estiment responsables de l’escalade de la violence dans la bande de Gaza, la Russie jugeant, quant à elle, que les raids israéliens étaient une réaction « disproportionnée » aux tirs de roquettes du Hamas considérés également comme « inacceptables ».
Dans le monde arabe en revanche les réactions condamnaient unanimement Israël. L’Iran et l’Organisation de la conférence islamique (OCI) ont appelé l’ONU à intervenir pour faire cesser l’opération militaire israélienne.
Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, de même que la France et la Russie, ont appelé à éviter une escalade des combats et exhorté les deux parties à la retenue.
Le président américain Barack Obama avait appelé mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à faire « tous les efforts possibles pour éviter des victimes civiles » mais a soutenu le droit d’Israël à se défendre contre les attaques du Hamas. MM. Obama et Netanyahu « sont d’accord sur le fait que le Hamas doit cesser ses attaques contre Israël pour permettre une désescalade de la situation », a précisé jeudi la Maison Blanche, jugeant qu’il n’y avait « aucune justification pour la violence » du mouvement islamiste palestinien.
Le Premier ministre britannique David Cameron a fait part jeudi à son homologue israélien de son « extrême inquiétude » concernant la violence à Gaza et lui a demandé de tout faire pour éviter des victimes civiles. Son chef de la diplomatie William Hague avait auparavant considéré que le Hamas est « le principal responsable de la crise actuelle » à Gaza et en Israël.
La France, elle, s’abstenait de désigner un responsable. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a déclaré jeudi qu’il était « temps d’arrêter cette escalade dangereuse », ajoutant que Paris avait engagé une « intense activité diplomatique » pour faire baisser la tension.
Le président français François Hollande s’est ainsi entretenu dans la journée avec le président égyptien Mohamed Morsi pour évoquer la situation en Israël et Gaza, lui d’exprimer « la vive préoccupation de la France » et appeler « à la retenue » pour éviter une escalade. M. Hollande » a souligné le rôle que pouvait jouer l’Egypte pour diminuer les tensions, selon un communiqué de la présidence.
La Russie a, elle, estimé que les raids aériens d’Israël sur la bande de Gaza étaient une réaction « disproportionnée » aux attaques également « inacceptables » du Hamas. Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov s’est dit « très préoccupé » par l’escalade des violences. Le président Vladimir Poutine, qui s’est entretenu par téléphone avec M. Netanyahu, a appelé les deux parties à éviter l’escalade de la violence.
L’Egypte, qui joue habituellement un rôle d’intermédiaire entre Israël et le Hamas, a jugé inacceptable l’« agression » israélienne, par la voix de son président Mohamed Morsi, et a rappelé son ambassadeur en Israël. Le Caire a demandé aux Etats-Unis d’intervenir « immédiatement » auprès d’Israël pour qu’il cesse ses raids aériens.
Un porte-parole de la présidence égyptienne a annoncé jeudi que le Premier ministre Hicham Qandil se rendrait vendredi dans la bande de Gaza, « pour exprimer notre soutien au peuple palestinien et voir quels sont ses besoins ».
De son côté, Washington a demandé à l’Egypte « d’user de son influence dans la région pour permettre une désescalade de la situation ».
L’envoyé spécial du Quartette (ONU, UE, Etats-Unis, Russie) pour le Proche-Orient, Tony Blair, a appelé le Hamas à cesser ses tirs de roquettes sur Israël et estimé que l’Egypte pouvait jouer un « rôle constructif » dans la résolution de la crise.
« Si le feu des roquettes continue depuis Gaza, en direction des villes et des villages israéliens, les représailles s’amplifieront », a prévenu l’ancien Premier ministre britannique sur la chaîne de télévision Sky News.
L’Iran a, lui aussi, lancé un appel à l’ONU, de même qu’à l’Union européenne, à faire cesser l’offensive « barbare » menée par Israël contre les groupes armés palestiniens de Gaza, qualifiant l’opération de « terrorisme organisé ».
Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu a, de son côté, qualifié l’opération israélienne de « crime contre l’humanité ».
En raison de l’escalade des tensions, une visite du président tchèque Vaclav Klaus en Israël, prévue à partir de dimanche, a été annulée.
Aurore Peignois avec l’AFP