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Une virginité à 600.000 euros

« Si vous faites cela une seule fois dans votre vie, vous n’êtes pas une prostituée »

Une étudiante brésilienne de 20 ans a vendu sa virginité pour 780.000 dollars US (600.000 euros) lors d’enchères en ligne remportées par un Japonais, ont annoncé jeudi les promoteurs de l’opération controversée.

Catarina Migliorini, qui a confié à la presse brésilienne vouloir financer ses études de médecine en Argentine, avait attiré 15 enchérisseurs originaires d’Inde, des Etats-Unis, du Brésil et du Japon.

Un jeune Russe de 21 ans, Alexander, offrait également sa virginité: une Brésilienne a emporté la décision pour 3.000 dollars seulement.

« Les enchères de vierges en Australie sont terminées » depuis mercredi, a annoncé jeudi le site internet virginswanted.com.au qui publie des photos de « Catarina » et « Alexander » barrées de la mention « vendus ».

Selon les médias australiens, Catarina Migliorini sera « remise » à son acheteur à bord d’un avion à destination de l’Australie, puis le couple « consommera » dans les semaines à venir dans un lieu tenu secret.

« Catarina est extrêmement contente. Elle a parlé à ses proches au Brésil et ils étaient très heureux pour elle », a expliqué le réalisateur australien Jason Sisely qui a organisé cette vente pour les besoins d’un documentaire. « Je vois ça comme une entreprise », a justifié la jeune femme dans la presse britannique. « Cela me permet de voyager, de tourner un film et de toucher de l’argent en prime ».

« Si vous faites cela une seule fois dans votre vie, vous n’êtes pas une prostituée. Ce n’est pas parce que vous prenez une photo extraordinaire que cela fait de vous un photographe », a-t-elle dit.

Le contrat entre Catarina et l’acquéreur de sa virginité, identifié par le nom « Natsu », stipule que ce dernier devra utiliser un préservatif et subira un test de dépistage des maladies sexuellement transmissibles, a précisé Jason Sisely, cité par le journal en ligne Ninemsn.

 

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Arts & Loisirs

La Java rend hommage à Bernard Vitet

Parti sur Sirius le 3 juillet, Bernard Vitet (Paris, 1934), soixante ans de musiques et de rencontres stratosphériques, jazz, java, chanson, variétoche, création contemporaine, recherches électro-acoustiques, stupeurs dadaïstes, bruitisme inspiré, pensée du monde, pur exercice de la liberté, musiques en tout sens et dans toutes les directions, poésie brute, Bernard Vitet a dû encore bien plus marquer son passage sur cette planète qu’on ne l’a su.

Voilà ce qu’on se dit, à la Java, le 16 septembre, un lundi soir. La Java, un des derniers temples du dancing populaire, rue du Faubourg-du-Temple. Voilà ce que l’on se dit, en calculant la foule, les âges, la prime jeunesse, les compagnons de route (Chautemps, Portal, Tusques), toutes et tous accourus à l’hommage que lui rend Gérard Terronès.

PRINCE DES ÉLÉGANCES AU SOMBRERO VARIABLE

Terronès, programmateur des lundis de la Java, infatigable agitateur de rencontres, producteur anarchiste pur jus, Prince des élégances au sombrero variable, reste un rassembleur hors pair. Ses labels, son parcours ? Futura, Marge. A vos outils informatiques ! Vous saurez tout.

Soixante et une musiciennes, vocalistes, et musiciens. Des formations de hasard qui ne doivent rien au hasard, mais tout à la chance de l’instant. Rien qui ne réponde, non sans légèreté, aux sottises que l’on doit supporter partout, « le jazz est moribond », « la vie va mal », « l’avenir est triste ». Bien sûr, bien sûr… On a toujours si peu à gagner au désenchantement… Rien qui ne réponde pourtant à ces truismes fatigants. Mais tout qui mérite bonheur et réflexion. Surtout, le mélange, les styles, les origines, tango, classique, free débridé, vitalité de l’instant. De quoi parle-t-on ?

QU’EST-CE QU’UN SARRUSSOPHONE ?

Que l’on tombe en arrêt, c’est comme un choix, devant le troisième assemblage de la deuxième partie : Françoise Achard et Dominique Fonfrède (voix), Hélène Bass (violoncelle), Eugénie Kuffler (sax), Jouk Minor (sarrussophone), Claude Parle (accordéon). Qu’est-ce qu’un sarrussophone ? Tout part de là. Devant ce groupe, que l’on se raconte mentalement l’histoire et les histoires qu’elles racontent, qu’ils inventent ensemble, que l’on se souvienne de tout, on reste planté devant la fraîcheur, la possibilité de ce moment.

Auront-ils répété ? Mais ils ne répètent rien depuis si longtemps. Sans compter qu’ils et elles n’ont pas le même longtemps. Simplement, ils savent. Ils savent inventer dans l’instant les sons de l’instant. Et tout soudain, c’est comme si le monde des musiques de Bernard Vitet pouvait produire un avenir. Avec son doigté, sa sincérité, sa loyauté joyeuse et communicative. L’intelligence poétique, en musique, c’est un drôle de truc. C’est un savoir de l’oubli.

Curieusement, le brouhaha de la Java ne gêne pas. Il fait partie du truc. Et dieu sait si l’on est pointilleux sur la question du brouhaha en concert. Personne, dans la salle, verre de bière en main ou simple étrange solitude, personne à se sentir étranger au drame instantané qui se joue en scène. Personne à être pris par surprise. Alliances de voix de femmes (Geneviève Cabannes, Isabel Juanpedra) et d’instruments curieux, renversements, moments, étonnements, naturel. Rien qui ne sorte de la route ordinaire. La vie telle qu’elle va.

POUR LA VIE QUI VA

C’est l’esprit de Bernard Vitet qui flotte et se répand. Son intense autorisation poétique à être soi. Il y a là, sur scène et devant le bar, des filles toute jeunes, des garçons, de vieux compagnons de route (Kassap, Birgé, Gorgé), des fidèles de toujours, de sacrés gaillards aux cordes (Vincent Segal, Didier Petit, Denis Colin), des aventuriers sans papiers, sans partitions (Benoît Delbecq, Norbert Aboudarham), des purs sangs sans manière (Etienne Brunet, Berrocal, Artman), et tous ceux qui ici ne sont pas cités : ils pourraient former un orchestre inouï. Au boulot !

L’hommage, genre redoutable, on peut toujours se le figurer en style de cérémonie, en rodomontades mélancoliques, en dérives nostalgiques. Mais le fomenter comme ça, sous la houlette d’un anar décidé, non ! Donc, Terronès, il faut croire. Terronès, avec son chapeau et sa capacité… Plus cette disponibilité de musiciens venus de tous les horizons, de Sirius ou d’ailleurs, pour les amis, pour une jeunesse imprévue, pour la vie qui va, pour Vitet. Donc, Bernard Vitet existe. La Java vient de le prouver. Un concert hommage à son nom est plus qu’un programme. Une rétrospective qui tourne en promesse, c’est tellement rare.


Concert hommage à Bernard Vitet. Jazz à la Java, le 16 septembre. La Java, 105, rue du Faubourg-du-Temple, Paris 10e. www.la-java.fr

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Cinéma

Têtes de mort sous la frise du jacquard, Justine Triet n’est pas celle que vous croyez

Quand on la voit de loin, chevelure rouquine lâchée sur les épaules, minijupe et gros pull jacquard, lisant le journal à la terrasse d’un café, Justine Triet fait très girl next door. La chic fille sans histoire. De plus près, une série de têtes de mort en cuir brodées sous la frise du jacquard, un collant blanc à motif panthère sous la jupe changent un peu la perspective. Chic fille sans doute, sans histoire, c’est moins sûr.

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Propulsée à l’avant de la scène à Cannes, alors que son film, La Bataille de Solférino, était programmé dans le recoin le moins exposé du Festival, à l’Acid, cette jeune femme échappe aux catégories, et tord le cou, l’air de rien, à bon nombre d’idées reçues. Née il y a trente-cinq ans de parents bouddhistes, Justine Triet a passé les quinze premières années de sa vie tiraillée entre les codes de l’école, où elle était inscrite à Paris, et ceux de la vie en communauté qui était la sienne par ailleurs. Sans doute un tel parcours vous prédispose-t-il à interroger, comme elle l’a fait jusqu’à présent dans tous ses films, le rapport de l’individu au groupe, à osciller sans cesse, comme dans La Bataille de Solférino, entre la comédie et le drame, l’hystérie et le calme, l’intime et le politique.

Peut-être aussi vous inspire-t-il des personnages multifacettes, échappant à la norme, à l’image de Laetitia, l’héroïne du film qu’interprète Laetitia Dosch. « Elle apparaît d’abord comme une petite chose fragile, puis on se rend compte que, ah non !, elle est journaliste. Et puis au bout d’un moment, elle se révèle bien moins sympathique qu’on ne l’imaginait… »

Justine Triet aurait adoré faire la Femis, école supérieure des métiers de l’image et du son. Mais elle en a eu l’idée un peu tard, quand elle finissait les Beaux-Arts et estimait qu’il était temps d’arrêter les études. C’est aux Beaux-Arts qu’elle a rencontré Virgil Vernier, cinéaste remarqué pour son film Orléans et qui joue dans La Bataille de Solférino le copain de Laetitia. « Il a quitté l’école au bout d’un an pour faire son film, je trouvais cela génial. Je l’avais encouragé, en lui disant que j’allais faire pareil. Résultat, je suis restée cinq ans. »

Laetitia Dosch dans le film français de Justine Triet, "La Bataille de Solférino".

UN PREMIER DOCUMENTAIRE EN 2007

En cinq ans, Justine Triet n’a pas tourné en rond. Au bout de deux, elle a abandonné la peinture, pratique à laquelle elle s’était toujours destinée, pour se consacrer à la vidéo. Dès sa sortie, en 2007, elle réalise son premier film, Sur place, un documentaire sur la violence, tourné au cœur des manifestations anti-contrat première embauche (CPE). « Je filmais tous les jours, mais je n’étais pas contente. Je faisais les mêmes images que tout le monde, prises d’en bas. Ce n’était pas très beau. J’ai eu l’idée de filmer également d’en haut, comme pour une fiction. Je voulais mettre en scène la complexité de ce type d’explosions de violence, toujours présentées à la télé avec les trois mêmes plans, comme des choses très simples. »

Le film tournera beaucoup. Des musées l’achèteront. Des producteurs de cinéma le verront, courtiseront la jeune femme, l’arracheront pour de bon au monde de l’art. Pas de regrets ? « Du tout. Beaucoup de choses me mettaient mal à l’aise dans ce milieu. » Tourné au siège du PS lors des deux tours de l’élection présidentielle, Solférino, un autre documentaire, suivra. « Je n’aime plus tellement ce film, avoue-t-elle. J’ai pris conscience que tout ce que je pouvais filmer dans un tel contexte relevait de l’anecdote. Ce qu’il fallait, c’était en faire un décor, plein d’anecdotes, et y balancer un récit très écrit. Comme quand Hitchcock décide de filmer dans une fête foraine… ». La Bataille de Solférino vient de là.

UNE « ACCRO » AUX SÉRIES TÉLÉ

Usée par les questions de droit à l’image qui entravent de plus en plus, soutient-elle, la liberté de création dans le documentaire, poussée par son producteur Emmanuel Chaumet à se lancer dans la fiction, Justine Triet s’est fait la main en 2012 avec un court-métrage, Vilaine fille, mauvais garçon. Et s’est découverte très bonne directrice d’acteurs : « En documentaire, pour obtenir ce que l’on cherche, on est obligé de manipuler un peu les gens, de créer une ambiance particulière. Ce n’est pas très différent de ce que je fais avec les acteurs en fiction. »

Ses idées de mise en scène viennent lointainement de sa cinéphilie – « Au fil des ans, j’ai à peu près tout vu » –, des films de Maurice Pialat, John Cassavetes, Jean Eustache, Frederick Wiseman ou Shirley Clarke, qu’elle a très tôt vénérés, de la comédie américaine (de Billy Wilder aux frères Farrelly), ou des séries télé contemporaines : « Je suis accro. Je ne regarde pas seulement les bonnes, je regarde beaucoup de trucs pourris. House of Cards, par exemple, c’est pas mon truc, cette vision hypercynique. Mais ce moment où le personnage s’adresse à la caméra, tout à coup, ça m’inspire. Comme m’inspire l’écriture de Girls, alors que, par ailleurs, tout ce truc de bande de nanas me fatigue plus qu’autre chose. Dans mon milieu, il y a des gens qui ne regarderont jamais une série. Du coup, ils ne se rendent pas compte où en est cette forme sur le plan de la mise en scène ni, par conséquent, où ils en sont eux. » Un pied ici, l’autre déjà ailleurs, ainsi avance Justine Triet, chic fille décidément pleine d’histoires.

Lire aussi :  la critique du film, par Jacques Mandelbaum

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Arts & Loisirs

Masques, statues et amulettes à voir et à vendre à Paris

S’il est un domaine dans lequel Paris est le premier marché mondial, c’est celui des arts jadis dits « primitifs » : ceux d’Afrique, d’Océanie, d’Australie, des peuples indiens et esquimaux. Christie’s et Sotheby’s y réalisent leurs ventes les plus brillantes, les galeries y sont nombreuses, et c’est à Saint-Germain-des-Prés (6e arrondissement) que se tient la foire Parcours des mondes. Pour la douzième fois, les marchands du monde entier s’y retrouvent cinq jours. Ils occupent des espaces qui, le reste de l’année, sont dévolus à l’art contemporain et se trouvent ainsi à proximité de leurs confrères parisiens, dont c’est ici le quartier.

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Celui-ci tient en quelques rues : Mazarine, Guénégaud, Jacques-Callot, de Seine, Visconti et des Beaux-Arts. Dans ce périmètre sont réunis plus de 60 marchands. Ils viennent de New York, de Los Angeles, de Palos Verdes, de Bruxelles, de Londres, de Sydney ou de Montréal. Les collectionneurs viennent aussi, souvent de loin, car ils savent que les galeristes réservent leurs meilleures pièces pour l’occasion.

Il en est donc de Parcours des mondes comme de la Foire de Bâle : les acquéreurs aux moyens financiers importants s’y rendent dès que possible, pour ne pas manquer la rareté ou le chef-d’œuvre. Le jour du vernissage, on y croise les conservateurs et le directeur du Musée du quai Branly, de même que leurs collègues des musées européens. Les visiteurs plus modestes profitent du plaisir d’aller et venir, en passant d’une galerie à une autre, d’un continent à un autre, d’une culture à une autre.

Deux genres se côtoient : l’exposition thématique façon musée et l’accumulation d’objets divers façon brocante – brocante de grand luxe.

FAÇON MUSÉE…

La première de ces conceptions est celle de Bernard Dulon, qui se consacre aux chefferies du Cameroun avec quelques statues et masques remarquables ; de Renaud Vanuxem, qui rassemble une suite de reliquaires dont deux ou trois hallucinants ; du new-yorkais Bruce Frank et de ses amulettes miniatures du Sepik (Nouvelle-Guinée) ; ou de Donald Ellis, spécialiste des arts indiens d’Amérique du Nord. Plus présents que dans les éditions précédentes, les arts esquimaux se trouvent chez Michael Evans, Moreau & Montagut et Anthony Meyer.

… OU BROCANTE DE LUXE

La seconde conception exige patience, résistance, vigilance et, parfois, méfiance. Il faut fureter, regarder de près, lire les cartels quand il y en a et quand ils précisent sérieusement la provenance de la pièce – ce n’est pas la règle –, s’interroger sur l’étonnante fraîcheur de quelques pièces – peu nombreuses heureusement – et n’oublier aucun recoin.

C’est tout au fond de la galerie Voyageurs & Curieux que Jean-Edouard Carlier expose un crochet porte-crâne du golfe de Papouasie d’une découpe et d’une couleur admirables. Plus immédiatement visibles sont un masque gourounsi (Burkina Faso) digne de Paul Klee, chez Dandrieu-Giovagnoni, ou un masque bambara (Mali), d’une géométrie parfaite, chez David Serra.

CE DIEU TERRIBLE VENU DE BORNÉO

Il faut à chaque édition une œuvre qui attire curiosités et rumeurs. Elle se trouve, cette année, dans la cave de la galerie Schoffel-Valluet. Il s’agit d’une très haute sculpture – plus de 2 mètres – venue de Bornéo, où elle fut découverte à l’occasion d’une crue. L’eau a érodé et rendu plus impressionnante encore cette effigie protectrice. Les membres semblent des os, la tête moins humaine que démoniaque. L’apparition d’une telle rareté ne pouvant qu’intriguer, elle a été soumise à des examens scientifiques dans plusieurs laboratoires : datation au carbone 14, étude xylologique…

Il en ressort que la sculpture a été taillée dans la cime d’un arbre nommé Shorea. Le bois daterait du XVe siècle, ce qui ne signifie pas que la sculpture aurait été créée alors – de quoi faire parler marchands et amateurs. Combien coûte-t-elle ? 600 000 euros, dit-on. Qui l’achètera ? Le Musée du quai Branly, comme on l’a entendu ? Il semble que ce soit aller un peu vite que de l’affirmer. Quoi qu’il en soit, il faut aller voir ce dieu terrible surgi de la forêt et du limon.

Parcours des mondes, Paris 6e. Entrée libre. Jusqu’au 15 septembre, de 11 heures à 19 heures, le 12 septembre jusqu’à 21 heures. Parcours-des-mondes.com.

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Cinéma

"Voyage sans retour" au cœur d’une polémique entre Samy Naceri et son réalisateur

A en croire les statistiques fournies par le site Allociné Pro la veille de sa sortie, le film Voyage sans retour suscitait l’intérêt de près de 10 % de spectateurs, loin devant No Pain, no Gain de Michael Bay (5,62 %) ou Le Majordome de Lee Daniels (5,32 %). Pourtant et malgré cette forte attente des spectateurs, seules deux salles situées en banlieue parisienne (à Torcy et à Villeneuve-la-Garenne) projetaient le long-métrage de François Gérard. Aucune à Paris intramuros. Une situation d’autant plus étonnante que de larges bâches à l’effigie du film barraient des multiplexes comme le Pathé Wepler dans le 18e arrondissement. Que s’est-il donc passé autour de la distribution de cette fiction dont on a pourtant abondamment parlé en amont ? Une bien nébuleuse affaire qui débute en août dernier.

L’acteur Samy Naceri accuse François Gérard d’avoir utilisé son image pour réaliser un film « islamophobe », via son compte Twitter et sur le site Panamza, spécialisé dans l’info subversive. Dans ce film qui relate le parcours d’un délinquant toulousain devenu djihadiste, Naceri tient le rôle secondaire d’un flic. François Gérard assigne alors l’acteur en justice pour qu’il cesse de saborder la promotion du film mais est débouté, début septembre.

Samy Naceri dans le film de François Gérard, "Voyage sans retour".

Dépité, François Gérard envisage actuellement de faire appel pour « racket » et « escroquerie en bande organisée », expliquant que dès lors qu’il a cessé de lui verser de l’argent, Samy Naceri a éreinté le film. Dans cette équation déjà complexe, s’est invité Karim Achoui, surnommé « l’avocat des voyous » et radié du barreau en 2012. Fondateur de la Ligue de Défense Judicaire des Musulmans (LDJM), il souhaitait faire purement et simplement interdire la sortie du film, au motif de son « islamophobie » là encore. Est-ce son contexte tortueux et son sujet sensible qui a poussé les programmateurs à ne pas prendre le risque d’accueillir le film dans les salles parisiennes ? Ce n’est pas tout à fait l’analyse qu’en fait François Gérard.

« J’AI FAIT CE FILM SEUL, SANS ARGENT PUBLIC »

Nous le rencontrons à Torcy, dans le multiplexe qui projette son long-métrage. Surimpliqué, il a tenu à accompagner son film qui sort le 11 septembre. La date, très symbolique, ne doit rien au hasard. Elle a été décidée six mois auparavant par sa société de distribution Oreo Films. S’il concède que ce battage lui a « coûté six salles dont une à Toulouse » où se déroule en partie son histoire, il invoque surtout une cabale de la part des circuits intégrés tels que Pathé ou Gaumont, lesquels « exercent un monopole et une pression financière », fatals à des indépendants comme lui.

"Voyage sans retour", un film de et avec François Gérard.

François Gérard, à vif, rappelle : « J’ai fait le film seul, sans argent public et je me suis hissé au niveau des grands groupes de cinéma, en termes de marketing. J’ai communiqué dans les centres commerciaux, là où ma cible se rend car j’ai fait un film de multiplexes ».

Justement les spectateurs ? Sur la dizaine présente à la séance de seize heures, la cible en question déjoue les prévisions, avec sa moyenne d’âge entre quarante et soixante ans. On demandera tout de même leur avis à deux jeunes filles de seize ans, invitées par le réalisateur. D’une même voix, elles diront « avoir trouvé le début du film confus mais la suite très réaliste » et d’ajouter « ça se passe comme ça dans notre quartier. On le voit tous les jours ». Plus rare en revanche, un film (certes inabouti), privé de salles à Paris, en dépit de ses estimations prometteuses. Présent sur le reste de la France avec près de quarante salles (via le circuit CGR), Voyage sans retour doit maintenant convaincre pour que son titre ne devienne pas programmatique.