Dans un climat de suspicion et de doute à l’égard des systèmes policiers et judiciaires des pays occidentaux vis à vis des populations noires ou issues d’anciennes colonies des affaires ressortent et des témoignages parfois de policiers circulent sur les réseaux sociaux dénonçant l’ampleur du racisme du sexisme et de violence au sein de la police. En Belgique la RTBF a consacré une enquête qui a révélé une situation scandaleuse de cette corporation qui ne semble pas obéir aux lois en vigueur; harcellement sexuels et intimidations de certains chefs à l’égard de femmes policières, insultes systématiques de bougnoul de nègre..
En france où les bavures et violences policières ne se comptent plus, c’est une autre affaire qui refait surface, celle d’un jeune de 25 ans, Ismail Abdelkader dont le cadavre, ce qu’il en reste, est découvert dans le jardin d’un gendarme actuellement à la retraite. Après quelques recherches restées vaines, la disparition d’Ismaël avait pourtant rebondi de façon inespérée, par la garde à vue dans une tout autre affaire, d’un homme qui déclare qu’un jeune de Pfetterhouse, frontière franco-suisse, se vante d’avoir enterré un corps dans le jardin de son grand-père, chez qui il vit. Les enquêteurs découvrent en effet un squelette, dissimulé sous un tas de bois, chez ce gendarme à la retraite. Et dans la poche du pantalon, une carte vitale au nom d’Ismaël Abdelkader, domicilié à Morhange (Moselle).
Une information judiciaire est ouverte, le petit-fils entendu. Il explique qu’en mai 2006, il a sympathisé avec Ismaël, croisé dans une gare après un voyage aux Pays-Bas pour acheter de la drogue. Le week-end de sa disparition, Ismaël part en Alsace, invité par son nouvel ami à un anniversaire. Il dort chez lui. Au réveil, son hôte raconte l’avoir trouvé mort, la bave aux lèvres. Pris de panique, pensant à une overdose — il est lui-même toxicomane –, il dissimule le corps une semaine sous son lit. Puis dans une brouette, caché sous une bâche. Au bout de vingt jours, il décide de l’enterrer avec un ami, malgré « l’odeur insoutenable », témoignera celui-ci. Etonnamment, après quelques heures de garde à vue, les deux hommes sont relâchés et placés sous le statut de témoin assisté, dans une simple enquête pour « recel de cadavre ».
Un traitement judiciaire qui fait bondir Me Thomas Hellenbrand, avocat de la famille Abdelkader. « Dans un cas comme celui-ci, le minimum, c’est de mettre les personnes en examen pour homicide volontaire. Là, rien, si ce n’est dix heures de garde à vue pour l’un, deux pour l’autre. Quand le premier réflexe est d’enterrer un corps dans un jardin, on peut supposer que la mort n’est pas naturelle ! » Il s’appuie en outre sur l’expertise toxicologique, qui a conclu à l’absence de stupéfiants sur le squelette.
La juge d’instruction, estimant « plausible » la thèse de l’overdose, a rendu un non-lieu en 201 et considère notamment que le délit de non-assistance à personne en danger est prescrit, et que celui de recel de cadavre — qui suppose un décès par homicide ou par suite de violences — n’est pas constitué. « Scandaleux », s’agace le pénaliste, qui va se pourvoir en cassation, et envisage d’engager une procédure contre l’Etat. « On ne peut pas dire à une famille qui attend depuis dix ans : circulez, il n’y a rien à voir ! »
Myriam Abdelkader, qui maintient que son frère n’avait jamais pris ni héroïne, ni méthadone, soulève un autre problème : « On confie une enquête touchant un gendarme à la retraite à des gendarmes, qui organisent les gardes à vue dans la caserne même où il exerçait ! » Trop d’invraisemblances jalonnent la procédure, « bâclée » selon elle : « Impossible que les grands-parents, qui avaient chez eux un corps en décomposition, n’aient rien remarqué, juge-t-elle. Ils ne se sont même pas demandés pourquoi leur petit-fils avait soudainement créé un tas de bois dans le jardin… Et le grand-père n’a jamais été entendu, pas plus que l’homme qui a donné le renseignement au départ. On n’a pas non plus recherché de traces de sang chez eux. »