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Les mutilés de la violence policière

la violence policière au grand jour

A. Kaouass

A l’avènement des smartphones et des caméras à bord, les bavures et violences policières apparaissent au grand jour. Des pratiques qui ont toujours existé et dont le degré de la gravité diffère en fonction des pays et des régimes politiques en place, mais jusque-là impossible de prouver devant un juge et ce n’est pas pour autant gagner face à une corporation de poids.

Les plaintes et les enquêtes en la matière demeurent inefficaces lorsque la justice obéit à cette doctrine d’impunité dont bénéfice l’uniforme. Et ce ne sont pas les fameux organes partisans de contrôle tels que l’IGPN en France et le Comité P en Belgique qui vont rétablir l’équilibre entre les victimes et leurs bourreaux surtout qu’ils sont qualifiés de bureaux de « classement sans suite ». Les loups ne se mangent pas entre eux. L’uniforme donne-t-il tous les droits! Tirer dans le tas à balles réelles! Asphyxier un père de famille sous prétexte qu’il était en infraction routière ! Mutiler des manifestants sous tel ou tel prétexte! Ce raisonnement n’est plus acceptable et ne passe plus dans l’opinion.

La révolution algérienne contre le régime a fait moins de victimes que celle des « Gilets jaunes ».

Un simple rappel suffit à montrer l’ampleur du phénomène : la banalisation des violences policières contre les « gilets jaunes » est manifeste, rien qu’en France plus de vingt mille tirs de lanceurs de balles dit de défense (LBD), des centaines de personnes blessées grièvement et plus de trente mutilations, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a, par exemple, compté vingt journalistes blessés lors de la seule manifestation du 5 décembre à Paris. Un collectif des blessés des « gilets jaunes » a été même créé. S’y sont ajoutés d’autres faits à fort impact dans l’opinion: la mort de plusieurs manifestants pacifistes; celle d’un père de famille de cinq enfants, Cédric Chouviat, dernièrement lors d’un simple contrôle de circulation pour utilisation de GSM à vélomoteur, la mort de Steve Maia Caniço à Nantes au cours d’une improbable opération de police lors de la Fête de la musique, le tabassage d’un manifestant de « gilets jaunes » dont la vidéo a provoqué un tollé de condamnations. Une pratique courante révélée par l’affaire du garde-corps du président, Alexandre Benalla, tabassant publiquement un manifestant. L’arrestation du journaliste et militant Taha Bouhafs pour avoir filmé la fuite du couple présidentiel d’un théâtre par crainte de se faire lyncher par des militants. Des images confisquées non publiées à ce jour. Un bilan que les autres démocraties européennes ne connaissent pas. Faut-il rappeler que la révolution algérienne en marche depuis de longs mois et qui a fait renverser Boutaflika n’a fait à ce jour, semble-t-il, ni tué ni mutilé et très peu d’arrestations. La République n’a plus de leçons à donner en matière du respect humain.

La classe politique belge se borne à copier le système français

La Belgique limitrophe, où le mouvement des « gilets jaunes » a bénéficié d’un soutien populaire, pratique les mêmes méthodes et procèdent systématiquement, parfois avec violence, à des arrestations massives impliquant de simples passants et voyageurs dans les principales gares de Bruxelles pour empêcher les citoyens de manifester contre les pratiques politiques mafieuses et la flambée scandaleuse des prix des carburants. La bavure policière qui a coûté la vie à une petite fille réfugiée de 2 ans, Mawda, lors d’une rocambolesque poursuite policière, les tueries du Brabant, attribuées officieusement à des gendarmes, et dont les enquêtes sont au point mort depuis bientôt 40 ans, la mort par asphyxie de la Nigérienne Sémira Adamu lors de son expulsion par la gendarmerie, sont parmi des faits qui ont marqué les esprits et renforcent la méfiance des Belges envers les forces de l’ordre.

La liste des abus et des bavures policières à répétition est longue, cependant la classe politique en silence radio demeure incapable d’y mettre fin et de scinder le maintien de l’ordre et les droits fondamentaux du citoyen.