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Les défis du métier de diplomate

La première va aborder dans la suite de ces lignes les risques du métier de diplomate et les défis de la mondialisation auxquels il est confronté, ainsi que la diplomatie multilatérale.   Le diplomate qui devait traditionnellement prendre la défense des intérêts de son pays, se trouve dans un nouveau contexte se prêtant davantage à une défense des intérêts d’un groupe d’Etats où la souveraineté des pays est de plus en plus limitée ou plutôt partagée.

La deuxième va traiter de la diplomatie multisectorielle et de la diplomatie transformationnelle. La première consiste à se disposer sur plusieurs secteurs, l’économie, la culture, etc. Dans le secteur de l’économie par exemple, le diplomate ou plutôt l’ambassadeur se mue en consultant au service de son pays pour l’investissement, l’industrie et le commerce entre autres. La deuxième se rapporte à la diplomatie transformationnelle où le diplomate, à côté de ses tâches traditionnelles d’analyse politique et économique et de protection des intérêts de ses concitoyens, doit non seulement s’adapter à son environnement, mais aussi travailler à changer celui-ci au profit de l’image de son pays.

Le métier de diplomate et la diplomatie multilatérale

Le métier de diplomate excite la curiosité et suscite souvent des préjugés, voire des fantasmes. Les clichés caricaturaux au sujet de l’ambassadeur menant grand train de vie dans de somptueuses résidences illustrent parfaitement ces poncifs. Ainsi, la «carrière» diplomatique reste toujours distinguée par ses spécificités, son code social et un fort attachement à l’esprit de corps.

Pour certains, en raison du développement des moyens de communication modernes et des relations directes existant entre les chefs d’Etat et les ministres de tous les pays du monde, le diplomate est tenu en marge des décisions importantes. Pour d’autres, ce métier est réduit à une forme d’oisiveté de luxe ou à une fonction d’agent secret.

Toutefois, au-delà de ces stéréotypes, un ambassadeur dont le métier est de représenter son pays à l’étranger est invité à participer à des activités publiques et sociales où il est mis en contact avec des notabilités du pays d’accueil. Il devra se construire un réseau de relations et sera jugé en fonction du crédit politique dont il bénéficiera au sein des autorités de l’Etat d’accueil. Représenter son pays n’est donc nullement et aucunement de la figuration : c’est une démarche active, astreignante, qui interdit de commettre des maladresses et demande beaucoup de tact, de doigté et d’effort pour gagner la confiance de ses interlocuteurs.

Depuis la fin des confrontations classiques Est-Ouest, le diplomate qui n’exerce plus un rôle confiné par les contraintes de la Guerre froide, est appelé à déployer désormais son action dans un espace multipolaire et développer une véritable empathie pour les autres cultures.

Le diplomate informe mais interprète aussi les signaux qu’il perçoit dans son environnement en vue d’aider les gouvernements à régler les problèmes avec habileté et délicatesse et à adopter la meilleure posture face aux tensions d’un monde multipolaire. La communication diplomatique comporte toute une série de gestes, de messages et de déclarations qui expriment une intention. La diplomatie du ping-pong fut un signal diplomatique indiquant que les Etats-Unis et la Chine étaient prêts à l’apaisement, prélude à une reconnaissance diplomatique. Il faut savoir interpréter les signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Un silence peut être un signal en soi, mais signifie-t-il accord ou refus ? En 1990, l’attitude de l’ambassadeur des U.S.A à Bagdad qui ne mit pas en garde Saddam Hussein au moment où ce dernier préparait l’occupation du Koweït, fut interprétée par le Président iraquien comme une forme d’indifférence, voire de consentement à ses projets d’offensive contre son voisin.

Le diplomate doit d’abord comprendre ce que les autres pensent et être capable d’évaluer leurs forces et leurs faiblesses. Cela paraît assez élémentaire au premier abord, mais les crises qui éclatent bien souvent sont dues à la sous-estimation ou à l’incompréhension de ce que pense ou ressent «l’autre» qui est le principal objet d’attention du diplomate. Que cet «autre» soit un adversaire stratégique, un partenaire commercial, un allié idéologique, le diplomate est d’abord celui qui traite avec «l’autre». On peut être en désaccord avec «l’autre», mais cela ne doit pas conduire à le condamner ou à le mépriser et à l’ignorer. La négociation diplomatique qui est un exercice de longue haleine a souvent été considérée comme l’art de la ruse et de la dissimulation. Pour Machiavel, la diplomatie doit faire appel à la ruse pour convaincre. Pour influencer les tiers, il peut recourir à toute une série de «manœuvres» : alliances tactiques de circonstances, manœuvres dilatoires, multiplication des exigences. Toutefois, si la ruse peut être un moyen, elle n’est jamais une fin : une diplomatie fiable est, à long terme, préférable aux subtilités où tous les coups sont permis. Les intérêts sont tellement imbriqués les uns dans les autres qu’il n’est pas permis d’appliquer le jusqu’auboutisme et d’imposer son point de vue par la force : on ne gagne pas en humiliant la partie adverse. Le diplomate peut être habile mais son point de vue ne prévaudra que s’il est solidement étayé et argumenté.

En ce qui concerne la situation problématique du Sahara soi-disant occidental, le travail de la diplomatie marocaine doit s’adapter aux changements internationaux marqués par la fin des confrontations classiques entre les deux camps, Est-Ouest. De la logique de confrontation, la diplomatie est entrée désormais dans une logique d’influence. Elle doit déployer son action dans un espace multipolaire, où la négociation reprend une place prépondérante. Dans cette optique, les diplomates marocains doivent être capables de détecter les éléments favorisant un rapprochement entre les points de vue de leur pays et de ceux où ils se trouvent. Ils doivent savoir capter, interpréter et évaluer l’importance des signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Les faits et gestes d’un diplomate sont autant de signaux : retour précipité dans sa capitale pour des consultations, départ précipité d’une cérémonie, comme ce fut le cas avec le Premier Ministre marocain A. BEN KIRANE pendant les funérailles du Président BEN BELLA à Alger. La diplomatie des crises est une diplomatie des signaux dont la mauvaise interprétation peut conduire au conflit.

Le diplomate agit de nos jours dans un monde globalisé et une souveraineté des pays de plus en plus limitée ou plutôt partagée. Le diplomate qui devait traditionnellement prendre la défense des intérêts de son pays, se trouve dans un nouveau contexte se prêtant davantage à une défense des intérêts d’un groupe d’Etats. La diplomatie se déploie de plus en plus dans le multilatéralisme : que ce soit l’U.E, le G77, l’ASEAN, etc. L’appartenance à de tels groupements influe sur le travail diplomatique. D’où le réalisme, la viabilité et la fiabilité de la thèse marocaine sur l’Autonomie qui pourrait donner la première forme d’un espace régional maghrébin auquel aspirent les peuples de celui-ci.

Les postes diplomatiques devront, eux aussi, se familiariser progressivement avec les dossiers de la mondialisation qui se traitent de plus en plus dans le cadre multilatéral. Ainsi est-il utile pour nos jeunes diplomates de bénéficier d’une formation assez approfondie sur la mondialisation à l’issue de leur stage. Peut-être qu’un jour nous pourrions nous inspirer du Danemark, qui vient de nommer des « attachés en matière de climat » dans ses ambassades situées à Washington et dans quatre pays émergeants. Aujourd’hui, il y a des négociations entre 192 Etats à l’ONU, 149 à l’OMC, et bientôt 28 (avec la Croatie) au sein de l’Union européenne… Les interférences extérieures qui viennent s’ajouter encore à cet ensemble déjà surchargé de règles du jeu devenues plus complexes, sont loin de simplifier les négociations diplomatiques.

Cet état de choses traduit une réalité plus profonde : les questions internationales sont toujours plus liées entre elles et concernent davantage de pays ; ce qui explique la montée en puissance des négociations multilatérales. Les missions classiques du diplomate ne disparaissent pas, mais elles doivent tenir compte de leur nouvel environnement qui ne finit pas de se compliquer et de se complexifier.

La diplomatie de la «globalisation» qui conduit à des négociations internationales tous azimuts pousse le diplomate à se spécialiser dans le processus de négociation, quel que soit le domaine concerné. Les dossiers qu’il traite ont de plus en plus des répercussions concrètes et immédiates sur la vie quotidienne des gens.

La mondialisation qui peut engendrer un développement planétaire dont les bienfaits ne sont pas toujours équitablement répartis débouchera inéluctablement sur des tensions, voire des conflits armés. C’est pour cela que les diplomates devront absolument avoir au cœur de leur attention les effets de la mondialisation en mettant en exergue la dialectique entre sécurité et développement.

Les menaces et les défis générés par cette mondialisation dans les relations internationales nécessitent une réponse adéquate, non pas en termes de forces armées seulement, mais aussi sous la forme d’une recherche d’un développement centré autour des besoins de l’humanité. La diplomatie devra mettre l’accent désormais sur le rôle de la communication, de la culture, des acteurs non étatiques et de la «déterritorialisation» de l’espace politique.

Face aux nouveaux défis du XXIe siècle, la qualité de la vie dans les mégalopoles, la démographie galopante dans les pays en voie de développement, l’approvisionnement en matières énergétiques, les pandémies, le changement climatique qui sont fondamentaux tant pour la sécurité que pour le développement, la diplomatie doit disposer de nouvelles aptitudes et de nouveaux instruments pour les insérer dans les processus de négociations internationales.

La diplomatie multisectorielle et la diplomatie transformationnelle

Jusqu’à présent, la diplomatie marocaine tarde toujours à tenir compte de la mondialisation. La politique étrangère a été conçue pendant longtemps comme la conduite des affaires entre des Etats et ressortait du domaine exclusif de l’Etat et de ses gouvernements. Aujourd’hui, la politique internationale inclut un grand nombre d’acteurs extérieurs au ministère des Affaires étrangères : départements techniques, défense nationale, parlements, villes, entreprises, syndicats, société civile, etc. Cela reflète évidemment la disparition progressive des démarcations entre les affaires étrangères et les affaires intérieures et la manifestation du passage de l’ère de la Guerre froide à celle de la mondialisation avec ses bienfaits et ses méfaits.

La montée en puissance de ces nouveaux acteurs renforce, paradoxalement, le rôle des Etats dans le nouveau système international multipolaire. Jamais les acteurs de la société civile n’ont autant réclamé l’intervention de l’Etat sur la scène mondiale, dans des domaines comme l’économie, la justice, le développement, les droits de l’homme, l’environnement, etc. Les turbulences mondiales qui ne finissent pas d’élargir le spectre d’action diplomatique, nécessitent davantage de vigilance et de régulation et renforcent le rôle du ministère des affaires étrangères, pour autant que celui-ci fasse l’indispensable effort de modernisation.

On peut affirmer, dès lors, que la mondialisation est une chance pour le  ministère des affaires étrangères ; encore faudra-t-il que les diplomates puissent relever ce défi. Pour cela, il convient à nos diplomates d’avoir à l’esprit un double champ d’action diplomatique : l’action bilatérale d’un côté, et l’action multilatérale de l’autre où nos diplomates vont se trouver face à de nouveaux défis (le climat, l’énergie, les migrations internationales) auxquels ils ne sont pas préparés d’emblée.

Il n’y a pratiquement plus de problèmes qui se négocient à deux : les pays engagent continuellement des négociations dans les domaines les plus divers avec des dizaines d’autres Etats et organisations internationales. On y débat le plus souvent des thèmes transversaux qui exigent des connaissances scientifiques et techniques de plus en plus précises. Une négociation sur le changement climatique sollicite l’intervention d’un économiste pour les tractations sur les échanges de droits d’émission, d’un agronome connaissant bien les questions de biodiversité, d’un administrateur des fonds de coopération environnementale, etc. Il n’est pas possible pour un diplomate de cumuler toutes ces fonctions. Le ministère des affaires étrangères qu’on va oser comparer à une «tour de contrôle» et à un tableau de bord, doit être en phase avec ce nouvel environnement des relations internationales pour mieux négocier et coordonner les négociations internationales.

La mondialisation qui enveloppe les relations diplomatiques est à la fois un élément de compétition et un facteur de coopération. Elle stimule la compétition diplomatique entre les Etats qui se font concurrence sur les marchés mondiaux de l’énergie et des autres matières premières. Cette compétition devient de plus en plus féroce sous l’influence des pays émergeants (le B.R.I.C). Toutefois, la mondialisation suscite également des réflexes de coopération : un Etat ne peut lutter seul contre la pollution maritime, le changement climatique ou les épidémies. Il convient de développer des modalités de coopération, même si cela se fait en fonction des rapports de force.

La multiplicité des acteurs n’empêche nullement le rôle central des Etats. Ainsi, pour mener à bien une négociation sur un thème horizontal, il convient d’anticiper les positions des Etats ou des acteurs de la société civile, de détecter les alliances, les divisions chez les autres acteurs de la négociation, d’évaluer les possibilités de compromis. Grâce au réseau des ambassades et d’une bonne compréhension des enjeux en présence, le ministère des affaires étrangères serait le seul à disposer des capacités globales d’analyse, de synthèse, d’information et de coordination pour assumer ce rôle.

C’est pourquoi, le gouvernement doit absolument créer au sein du ministère des affaires étrangères une «Direction de la Mondialisation» ad hoc dont les atouts majeurs consisteraient en trois C : Connaissances techniques, Coordination et Communication. Elle regrouperait des services traitant des questions dites transversales, comme les négociations sur l’environnement et le développement durable, l’énergie, la coopération économique régionale et internationale, les institutions financières internationales, les matières premières, la politique scientifique, les migrations internationales… Compte tenu de la technicité de ces situations problématiques, des fonctionnaires ayant une longue expérience de ces dossiers en assureraient la gestion avec le renfort des économistes. Cette « Direction de la Mondialisation » travaillerait en étroite relation avec un département de la « Coordination Multilatérale ». Celui-ci serait le lieu où l’on peut élaborer la synthèse politique entre les différents intérêts contradictoires, où la vision géopolitique pourrait trouver une place. Périodiquement, une concertation serait également à prévoir avec les acteurs non étatiques de la mondialisation, les ONG, les fédérations d’entreprises, les syndicats, les partis politiques, la société civile…

Le diplomate classique dont le rôle  était celui d’un « généraliste » qui menait son action dans un domaine très vaste dans tout ce qui relevait d’un contact avec l’extérieur, conserve toujours cette capacité de percevoir globalement les questions internationales. On ne négocie pas seulement avec un ministre de l’Agriculture ou de la Culture, mais avec un pays. Il faut avoir une vision large des autres intérêts qui peuvent contredire les intérêts précis en jeu dans la négociation. Une appréciation globale est indispensable.

Pour ce qui est de la diplomatie transformationnelle du Maroc par exemple, notre idée est de mettre et de déployer les diplomates accrédités dans les pays considérés comme réticents à l’égard de la thèse de l’Autonomie de la région du sud du Maroc, sur le terrain afin qu’ils puissent défendre plus efficacement celle-ci et fassent mieux connaître les projets de régionalisation, de décentralisation, de développement socio-économique et de l’établissement de l’État de droit qui sont engagés au Maroc, et qui correspondent le mieux au contexte politique international actuel.

Dès lors, la diplomatie transformationnelle considère que le diplomate, à côté de ses tâches traditionnelles d’analyse politique, économique et de protection des intérêts de ses concitoyens, doit non seulement s’adapter à son environnement, mais aussi travailler à changer celui-ci pour qu’ils puissent atteindre son objectif. Il doit penser en termes passifs – réaction à l’environnement – et en termes actifs – actions sur l’environnement. Les deux attitudes sont nécessaires : réaction à l’environnement, c’est-à-dire adaptation à celui-ci et action sur l’environnement, c’est-à-dire changement de celui-ci ; et si le diplomate oublie l’une des deux attitudes, il atteindra difficilement son objectif. Ainsi, il doit participer à des manifestations en rapport avec des programmes de développement socio-économiques et d’éducation dans le pays où il se trouve. Cela signifie, par exemple, que le diplomate quitte le confort de son ambassade pour aller travailler dans les grandes villes du pays, sans personnel local ni responsabilité consulaire et devenir ainsi un élément du tissu social local. Les journaux l’appellent et les gens demandent son avis sur beaucoup de choses. La fiabilité et la crédibilité du diplomate qui est mêlé à toutes ces questions vont dépendre de sa façon d’agir en deçà et au-delà des murs de l’ambassade.

Toutefois, le diplomate agissant sur le terrain ne risque-t-il pas d’être accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du pays où il est accrédité ? Aussi, la «diplomatie transformationnelle» lui donne-t-elle plusieurs possibilités d’agir : la diplomatie publique-parallèle, les contacts avec les minorités nationales ou encore avec les décideurs économiques…

A côté de ses responsabilités d’information et d’analyse, l’ambassadeur est aussi régulièrement appelé à soutenir les entreprises de son pays : il s’agit de la diplomatie économique qui consiste à accompagner les efforts de pénétration économique des entreprises sur un marché déterminé, notamment en les mettant en rapport avec des décideurs économiques et en organisant des actions de relations publiques afin de valoriser le savoir-faire économique et technique d’un pays.

La diplomatie économique est aussi au service de l’attraction des investissements. Dans les pays en développement, le diplomate peut être appelé à donner son avis sur la solvabilité par rapport à la dette extérieure ou encore sur les perspectives de croissance. Enfin, la diplomatie économique vise à lever certaines restrictions aux importations que l’un ou l’autre État impose dans le cadre d’une «guerre commerciale» ou de mesures de protection sanitaire (comme par exemple dans le cas de la grippe aviaire ou de la dioxine). Cela nécessite de nombreuses démarches, un grand effort d’explication, mais le résultat, parce qu’il est tangible, offre des satisfactions plus immédiates qu’une longue négociation politique. Le diplomate se mue ainsi en consultant au service de l’industrie et de l’économie de son pays.

En guise de conclusion

On a beaucoup daubé sur la soi-disant duplicité du diplomate. La Bruyère n’a-t-il pas fait un mauvais procès au diplomate en le comparant à un caméléon. Pourtant, le diplomate qui ment arrive rarement à ses fins. La sincérité et une réelle capacité d’écoute sont des qualités appréciées chez le diplomate. La maîtrise de soi dans les situations difficiles est une qualité qui se confirme par exemple lorsqu’un diplomate organise le rapatriement de ses compatriotes dans un pays en proie à un conflit armé, ou encore lorsqu’une ambassade doit subir des critiques pour telle position adoptée par son gouvernement.

Si l’on veut résumer les qualités du diplomate d’aujourd’hui, on perçoit bien les différences avec le passé. Dans un monde interdépendant et caractérisé par un nombre croissant d’acteurs et de défis multiples, la diplomatie exige une plus grande capacité à négocier avec un nombre important de partenaires. Loin des manœuvres de couloir, il est amené à déployer ses activités dans un large champ d’actions, qui va de la politique commerciale à l’action culturelle, en passant par les questions militaires et celles de développement. Il ne prétend pas en être un expert, mais plutôt quelqu’un qui est capable d’en faire une synthèse destinée à nourrir une action.

Même s’il lui arrive de négocier en secret, le diplomate doit savoir communiquer aussi bien avec les partenaires qu’avec le grand public. Et, pour mener à bien son métier, le diplomate doit distinguer l’essentiel de l’accessoire, préférer l’échange et le dialogue à la force, l’intelligence à la passion, les projets à long terme aux «coups». Il y a des constantes dans ce métier : intérêt pour les relations entre les États et entre les nations, attirance pour les autres cultures, sens du service de l’État.

En dépit des agitations internationales actuelles, l’ambassade doit toujours rester ce lieu d’accueil où l’on s’efforcera d’apporter l’assistance (consulaire, économique, culturelle) qu’on est en droit d’attendre d’un service public incarnant la représentation d’un État auprès d’un autre État.

Said Chatar

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L’autonomie, défi de l’unité du Maghreb

Face au processus de transformation du système mondial bipolaire en système multipolaire axé sur le multilatéralisme où des pays s’allient de plus en plus pour créer des grands ensembles régionaux, l’autonomie va-t-elle relancer la dynamique régionale ? Va-t-elle permettre aux pays du Maghreb de prendre le pas sur l’Etat-territoire ? Leur donnera-t-elle la possibilité de se libérer des séquelles empoisonnées du mythe des frontières que les colonialismes espagnols et français leur ont léguées et de procéder enfin à l’édification d’un espace maghrébin qui sera la base d’un nouveau départ de coopération entre l’Europe en particulier et l’Occident en général d’une part, l’Afrique, le moyen Orient et l’Asie de l’autre.

Au plan interne, l’autonomie répond-t-elle aux attentes et aux aspirations de l’homme marocain au sud comme au nord du royaume ? De même, au plan externe, est-elle en phase avec le monde actuel et correspond-elle aux réalités géopolitiques internationales d’aujourd’hui ?

Au plan interne 

L’autonomie suscite quelques appréhensions. D’aucuns vont effectivement jusqu’à redouter de voir opposer les choix politiques et socio-économiques faits par l’Etat marocain aux besoins réels et ressentis de l’Homme de la région du sud auquel on propose l’autonomie. La meilleure manière de faire adhérer l’homme de la région du sud au projet de l’autonomie est de ressusciter le duel qui consiste en la primauté de l’équilibre entre la dynamique de développement et l’intégration socio-économique de l’homme au sud comme dans le reste du royaume.

La sauvegarde de notre unité territoriale dépend inéluctablement de la promotion sociale et culturelle de l’homme marocain, du développement et de l’essor économique du royaume du Maroc. D’où un rapprochement peut être inattendu entre des thèmes habituellement séparés : intégrité territoriale, dynamique de développement, promotion sociale de l’homme au Maroc.

Toutefois, pour faire réussir l’autonomie et sauvegarder notre intégrité territoriale, il faut avouer que l’Etat n’apporte pas à l’homme marocain assez de remèdes sur le plan socio-économique, politique et culturel.

C’est pour cela que les gouvernants et les élites du Maroc doivent avoir à l’esprit que c’est l’homme qu’ils doivent toujours mettre au centre du débat. L’homme vivant dans un environnement régional en mouvements perpétuels serait le premier bénéficiaire de l’autonomie. L’homme en tout cas, pour qui, le but de l’intégration territoriale doit être harmonisé avec la dynamique de développement socio-économique et la promotion humaine.

Or, à ce niveau, l’action socio-économique conçue aujourd’hui dans les régions du sud comme dans le reste du royaume apparait comme plaquée du dehors, parfois même comme une sorte de camouflage des maux profonds dont souffrent les sociétés du nord et du sud du Maroc où, en dépit de l’essor économique que celui-ci connait, l’action de base n’a pas été menée à bien pour améliorer le niveau de vie socio-économique et culturel de l’Homme. Certaines réalisations économiques et sociales ne pouvaient pas apparaitre autrement que comme un luxe prématuré et souvent inutile.

L’économie de la région du sud comme celle de nord subit une exploitation intensive qui en a ruiné les sources. Nous avons là le type de développement qui se fait d’une manière quelque peu cohérente et, en tout cas, sans aucune homogénéité. Autrement dit, le développement se fait au profit de quelques privilégiés seulement (richesses halieutiques, les chantiers d’exploitation de sable, l’immobilier, l’agriculture, etc.) qui illustre assez bien les inégalités qui accablent les populations du royaume.

Ce modèle de développement élimine ou plutôt exclut des facteurs importants : notamment ceux qui relèvent du développement humain et de l’action socio-économique permettant à l’homme de participer activement au processus de la création des richesses.

Aujourd’hui, l’homme marocain assiste sans participer au processus de développement que connait le royaume à travers ses régions et plus particulièrement celle du sud. Les effets sociaux sont impressionnants ; les taux de chômage qui touchent de plus en plus de jeunes diplômés continuent leur ascension. Mais les couches sociales qui en sont les victimes sont bien différentes des  « pauvres » de la période coloniale. « Urbaines » plutôt que rurales, la jeunesse de leurs membres est remarquable tandis que le sentiment de révolte qui les anime tranche avec l’ancienne culture de soumission et de fatalisme qui était le fait des « anciens pauvres ».

Le Maroc peut-il sauvegarder son intégrité territoriale en excluant une grande partie de la population composée de jeunes diplômés dynamiques, du processus de développement de la région du sud ? Cette jeunesse est ainsi laissée pour compte dans la foulée de nouvelles politiques au profit de quelques parvenus soi-disant notables féodalisants. Ces politiques produisent des phénomènes de rapide paupérisation des masses sahariennes.

Ainsi, l’Etat marocain sera-t-il capable ou aura-t-il le courage et la volonté politique de s’attacher à une dynamique de développement axée sur la création et la liberté d’entreprendre ? Les jeunes diplômés savent fort bien qu’il faut réaffirmer le rôle de l’Etat marocain dans ses missions essentielles ; notamment en termes de protection sociale qui ne consiste pas en l’encouragement à la dépendance comme c’est le cas aujourd’hui dans la région du sud, mais de l’encouragement à la prise de responsabilité permettant le développement d’une classe moyenne (à la tête de P.MI et P.M.I actives dans les différents secteurs socio-économiques), socle solide et fixe sur lequel repose la sauvegarde de l’intégrité territoriale et la stabilité du royaume.

A cet effet, il se doit de procéder à mettre en application un programme de développement socio-économique, humain, où tous ceux qui ont l’esprit d’entreprise et le goût du risque pourront avoir la possibilité, la latitude, le soutien, l’aide nécessaire pour entreprendre et créer de l’emploi ; enfin à mettre en œuvre une politique permettant une répartition équitable des richesses (encore faudra-t-il pouvoir et vouloir générer celles-ci), etc. Ainsi, les marocains vivraient dans un pays moderne et résilient.

Il faut surtout procéder à la modernisation de l’Etat en le dotant de mécanismes institutionnels démocratiques qui correspondent à l’évolution démographique, socio-économique, culturelle, psychologique, politique, géographique de la société marocaine, capables de faire accélérer le processus de la régionalisation, de la décentralisation en commençant par l’autonomie de la région du sud.

Avec l’accélération des réformes institutionnelles permettant de mettre en place et en application un Etat de droit moderne, personne, pas même le régime militaro-bureaucratique algérien ne pourra nous donner de leçons sur les droits de l’homme ni de démocratie. Ainsi, l’ennemi principal de notre cause nationale va être déstabilisé par sa rigidité, son immobilisme interne et son « jusqu’auboutisme » face à notre intégrité territoriale.

Au plan externe

 Le projet de l’autonomie propose-t-il une valeur ajoutée politique meilleure que celle de l’autodétermination ? De notre point de vue, cette préconisation marocaine correspond, du moins dans la forme, à un processus en phase avec le monde actuel où la dynamique régionale se développe de plus en plus à travers le monde aux dépens des Etats-Nations et des Etats-Territoires. C’est une option qui s’inscrit au premier abord, dans le sens de l’histoire des peuples du Maghreb. Aussi est-il essentiel pour la diplomatie marocaine d’expliquer davantage le réalisme de cette thèse d’autonomie qui va au-delà des lignes de démarcation des frontières léguées par le colonialisme. Elle évite au Maghreb, aux pays du sahel et du Sahara le chauvinisme, l’affaiblissement et la fragmentation que la thèse de l’autodétermination voudrait renforcer et perpétuer au profit des forces aventurières et hégémoniques.

A ce propos, Il est à rappeler qu’ avant l’avènement des colonialismes français et espagnol au Maghreb, l’Algérie qui couvrait un territoire de 575.000 km2 et que les arabes appelaient à cette époque Djesirat el Moghreb, c’est-à-dire l’Île du couchant, était bordée au sud par une mer de sable et au nord par la  méditerranée et dirigée par un Dey, vassal de la Turquie. Ensuite, l’Algérie va avoir son indépendance et sera comblée d’un Sahara considérable qui lui fut annexé de facto aux dépens de ses voisins, y compris le Maroc qui avait été dépecé et amputé d’une grande partie de ses territoires par les colonialismes espagnol et français. A ce sujet, l’histoire tragique du Maghreb n’a-t-elle pas résolu la situation problématique du colonialisme en en créant une autre sous la forme d’effet pervers ?

C’est ainsi que l’Algérie, légataire privilégié du colonialisme français est devenu le pays le plus étendu d’Afrique avec une superficie de 2.500.000 km2 pourvue de la plus grande partie des richesses minières et stratégiques de l’espace du Maghreb et du Sahel. Cependant, malgré son étendue et ses immenses richesses, l’Algérie reste un pays fragile aux pieds, non pas d’argile, mais plutôt de sable. Donc, à bon entendeur, salut…

Ceci étant, l’Algérie et le Maroc sauront-ils gérer au mieux le legs que les colonialismes espagnols et français leur avaient fait et construire enfin un espace maghrébin qui sera la base d’un nouveau départ de coopération entre l’Europe en particulier et l’Occident en général d’une part, l’Afrique, le moyen Orient et l’Asie de l’autre ?

L’autodétermination 

Le refus de l’autonomie par certains marocains originaires du sud séduits par l’aventurisme algérien d’inspiration séparatiste doit nous faire réfléchir plus à fond sur le problème qui apparaît toujours mieux en évidence dans la situation actuelle due à la complexe évolution régionale et mondiale : celui de considérer de façon simpliste et superficielle le Polisario, comme étant un mouvement de caractère anticolonialiste.

Le citoyen marocain n’est-il pas en droit de s’interroger à ce sujet sur notre diplomatie qui, malgré l’unanimité nationale dont jouit notre intégrité territoriale, n’a pas réussi à convaincre et à conquérir la sympathie des peuples épris de liberté et de paix dans le monde au profit de notre cause nationale.

Il est nécessaire et urgent d’élaborer et de mettre en œuvre une politique des affaires étrangères et une politique des relations extérieures basées sur une stratégie s’articulant autour d’une double diplomatie, officielle et publique-parallèle. Il s’agit d’une approche diplomatique en phase avec le monde d’aujourd’hui qui ne finit pas de se compliquer et de se complexifier. Aussi nos diplomates doivent-ils rester tout le temps vigilants et passer à l’offensive en employant tous les moyens modernes de communication pour expliquer fermement la justesse et l’irréversibilité de notre cause nationale et ne pas hésiter à attaquer ceux qui portent atteinte à notre intégrité territoriale.

D’ailleurs, l’on se demande pourquoi des pays africains, sud-américains et asiatiques qui avaient soutenu la guerre de libération et d’unification du Vietnam, pris le parti de la réunification de l’Allemagne, acceptent et reconnaissent  l’autonomie de la région des Afars en Ethiopie, la refusent aujourd’hui pour le Maroc. Pourquoi ceux qui n’avaient pas soutenu les sécessionnistes du Biafra au Nigéria, reconnaissent-ils aujourd’hui le mouvement séparatiste, le Polisario, comme une authentique organisation de libération nationale ayant pour but d’affranchir le « peuple sahraoui » du joug de l’occupant marocain, et ce sans étudier à fond les vraies raisons et les motivations qui ont mis en action le régime militaro-bureaucratique algérien émanant de Houari Boumediene, alias Boukharrouba Mohamed, grande mystification du 20ème siècle, pour entraver le processus d’intégrité territoriale du Maroc, sa démocratisation, son indépendance.

N’est-il pas bizarre que Cuba, le Venezuela et encore d’autres pays d’Amérique du sud qui avaient soutenu l’Argentine contre l’Angleterre durant la guerre des Malouines et qui s’opposent aujourd’hui à la politique hégémonique de l’administration américaine partout dans le monde, la rejoignent contre la cause nationale du peuple marocain tout entier ? La diplomatie officielle de notre Royaume explique-t-elle suffisamment aux africains, aux sud-américains et aux asiatiques le but de l’autonomie et son impact géopolitique sur le plan national, maghrébin et international ? En dépit des moyens financiers alloués à notre cause nationale, a-t-elle réussi à démasquer la tromperie  du régime des généraux algériens et ses mercenaires ?

L’initiative de la diplomatie parallèle que vient de prendre certains partis en envoyant leurs représentants en Chine et en Russie n’est-elle pas bénéfique pour le Maroc dans un monde en mutation multipolaire ?

Par ailleurs, la tension est extrêmement tendue au Maghreb où l’unité de pensée fait défaut entre l’Algérie et le Maroc dont les intérêts sont liés principalement aux deux grandes puissances, l’Amérique et la France. Celles-ci, ainsi que la Chine cherchent, à travers le conflit algéro-marocain, à s’évincer mutuellement en se livrant une lutte acharnée pour un nouveau partage des marchés et des nouvelles zones d’influence au Maghreb et au sahel.

Et, c’est surtout à cause de l’attitude aventuriste du pouvoir algérien, que les deux plus importants pays du Maghreb se trouvent dans l’obligation de nouer et dénouer des accords avec ces superpuissances qui leur prêtent des soutiens conditionnels basés sur le chantage et la surenchère pour le maintien du statu quo et du pillage du Maghreb. En effet, l’Algérie et le Maroc s’appuient tantôt sur une superpuissance, tantôt sur l’autre, vantant l’une, stigmatisant l’autre et cherchant à faire croire que, selon que l’on s’appuie sur l’une ou sur l’autre, on a tous les «bienfaits», ou tous les maux. Ainsi, les divergences et les contradictions d’intérêts entre les superpuissances d’un côté, les antagonismes opposant l’Algérie et le Maroc qui se rallient à telle ou telle d’entre elles de l’autre, vont s’aggravant sans cesse ?

C’est dans ce contexte géopolitique mijoté depuis longtemps en Afrique du nord par les superpuissances et le régime militaire de Houari Boumediene, qu’il faut situer le projet de modification du mandat de la MINURSO destiné à établir soi-disant la démocratie, affranchir et délester les populations du sud du royaume du Maroc, du fardeau de l’oppression du pouvoir central. En effet, les superpuissances en question accompagnent leurs pressions et leurs complots d’un grand tapage diplomatique et de propagande, de tentatives d’«accords et de compromis» soi-disant en faveur de la démocratie, du maintien de la paix et de l’équilibre des forces.

Les sinistres desseins de cette proposition américaine d’élargir le mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’homme au « Sahara » n’est qu’un stratagème de « droit de l’hommisme » américain élaboré pour mieux pénétrer la région maghrébine et sahélo-saharienne qui regorgent de pétrole et d’autres matières premières stratégiques.

Les gouvernants des pays du Maghreb et du Sahel doivent toujours avoir à l’esprit que, malgré leurs «alliances» avec les régimes en place, les superpuissances ont toujours tout mis en œuvre pour les détrôner et porter tour à tour au pouvoir des hommes à elles soi-disant animés de sentiments libéraux au moyen de putschs et en recourant aux avions et aux chars.

La question fondamentale que nous allons poser par rapport à la situation politique tendue au Maghreb est la suivante : le statu quo qui règne au Maghreb depuis la guerre « des sables » de 1963, va-t-il déboucher inéluctablement sur un nouvel affrontement armé direct entre l’Algérie et le Maroc ? Où va-t-il aboutir à un règlement consensuel et définitif du problème des frontières que le colonialisme leur avait légué, au profit d’un Maghreb pacifique et prospère? Après  Bouteflika qui n’a pas su tenir fermement l’épée des militaires algériens, arrivera-t-il un leader inattendu qui tranchera, comme Alexandre, le nœud gordien de la politique maghrébine avec cette même épée ?

C’est ainsi que se présente, dans les grandes lignes, la situation politique du Maghreb à travers les problèmes qui se posent entre l’Algérie et le Maroc. A coup sûr, les événements ne vont pas cesser d’évoluer et il nous incombe donc d’analyser cette situation et ces événements qui se développent dans ces zones géostratégiques du Maghreb et du sahel avec objectivité, réalisme, fermeté et vigilance, afin de contribuer à leur juste compréhension.

L’autonomie, défi de l’unité du Maghreb

L’avantage de la proposition marocaine qui consiste en l’autonomie n’est pas une fiction, elle démolirait les barrières nationales pour ouvrir la voie à une délimitation d’un autre genre, à la délimitation socio-économique, politique et culturelle maghrébine. Elle constituera une étape préalable fondamentale, d’abord à la régionalisation et à la décentralisation pour notre royaume, et ensuite à l‘édification d’un espace régional maghrébin intégré et uni permettant d’utiliser de la meilleure façon les richesses des cinq pays du Maghreb.

Toutefois, l’Algérie, légataire privilégié du colonialisme français aura-t-elle la latitude et l’aptitude de se libérer de son chauvinisme et de son nationalisme borné ? Va-t-elle comprendre que l’amputation du Maroc de son sud aura des effets négatifs non seulement sur l’édification de l’unité maghrébine tant voulue par les peuples de cette région, mais aussi sur son intégrité territoriale ?

Le Maghreb

En bordure du moyen orient à l’Est et des pays du sahel au sud, le Maghreb partage avec l’Europe une côte méditerranéenne de plus de 5000 km. Il est à signaler à ce propos que plus de trente pour cent (30%) du commerce mondial transitent par le bassin méditerranéen qui est à la jonction de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Ainsi donc, le Maghreb qui constitue l’espace principal des flux migratoires de l’Afrique vers l’U.E, est incontournable dans tout processus de dialogue et d’échange au niveau du bassin méditerranéen. Aussi, par ses richesses en matières premières stratégiques, pétrolières et autres, sa position géographique et géostratégique, il est censé être un espace d’entente, de paix, de dialogue et de coopération entre les peuples et occuper une place de choix sur la liste des partenaires de la coopération internationale en général et européenne en particulier. Il devra devenir dans le système mondial un partenaire avec lequel il faudra compter.

Autodétermination ou fragmentation de l’espace sahélo­­­­-maghrébin   

C’est une thèse politique qui consiste en la désarticulation, la division des problèmes et des solutions du Sahara couvrant toute l’Afrique du Nord ? Par cette thèse chère aux Majors américains et anglo-saxons du pétrole, l’Algérie ne ferait-elle pas courir de grands risques  pour l’Europe qui est située à peine à 14 km du Maghreb, pour l’Afrique et aussi pour le moyen orient ?

Dans ce contexte géopolitique du Maghreb plus que délicat qui concerne aussi bien l’Europe, que l’Afrique et le moyen orient, il n’est pas de doute de considérer que des deux conflits, d’abord algéro-marocain à l’Ouest, ensuite israélo-palestinien à l’Est du bassin méditerranéen, dépendra le sort du monde entier. Car ce n’est pas la première fois que les intérêts de l’Occident en général et de l’Europe en particulier sont agités dans la méditerranée qui met en communication trois continents et trois mers. En effet, le bassin méditerranéen avait été, à des époques différentes, la scène où s’étaient déroulés des événements politiques et religieux ayant renversé le cours des destinées de l’univers.

En guise de conclusion 

En guise de conclusion, je vais me permettre :

1- d’abord, de rappeler que la sauvegarde de l’intégrité territoriale du Maroc qui exige énormément de l’homme marocain dépend inéluctablement de la promotion sociale et culturelle de celui-ci, du développement et de l’essor économique du Maroc. De l’homme personnel il faut passer à l’homme communautaire, de l’aspect individuel à l’aspect social, des conditions de l’homme dans son milieu à la dynamique sociologique de celui-ci. D’où un rapprochement peut être inattendu entre des thèmes habituellement séparés: intégrité territoriale, dynamique de développement, promotion sociale de l’homme au Maroc.

Aussi, les hommes comme les nations, naissent, grandissent et meurent, avec cette différence que la nature n’a pas fixé la durée de leurs cycles. La grandeur ou la décadence des nations résulte de la somme des forces que représentent les volontés concordantes des hommes qui les habitent. Lorsque des hommes ou des élites, sacrifiant le destin de leur pays, en viennent à devenir de petits bourgeois, à ne plus songer qu’à leurs intérêts directs, le déclin s’avance à grands pas. Un peuple qui peut pleurer sur ses propres erreurs ne peut compter sur un miracle pour lui rendre ce qu’il a délibérément sacrifié.

2- ensuite, de demander à M. Christopher Ross qui est chargé par l’O.N.U de gérer le dossier du soi-disant Sahara occidental, de bien vouloir regarder la carte géographique du Royaume du Maroc au moment où celui-ci avait, le premier, reconnu l’Etat indépendant des U.S.A qui venait de s’affranchir du joug du colonialisme anglais. Ainsi, il verra où se trouvaient les frontières du royaume du Maroc avant l’arrivée des colonialismes français et espagnol qui l’avaient dépecé et amputé.

Il n’est pas inutile de rappeler que le pays des Etats-Unis d’Amérique qui est né d’une lutte ou plutôt d’une guerre entre la France et l’Angleterre, est composé au départ d’un peuple jeune et hardi, en majorité d’hommes chassés de la « vieille » Europe pour leurs convictions religieuses ou politiques. Ce peuple qui hait les sectarismes qui l’ont forcé à s’expatrier et chez qui se forme un curieux « anticolonialisme » n’avait-il pas soutenu le Maroc et l’Algérie dans leurs luttes de libération nationale contre le colonialisme français. Alors, pourquoi n’appuierait-il pas aujourd’hui l’autonomie capable de déclencher une dynamique régionale ? Car à travers  cette autonomie, le Maroc pourrait entamer plus facilement la régionalisation pour passer ensuite à la réalisation d’un royaume doté d’un Etat fédéral, condition sine qua non pour la formation et l’ouverture, dans le futur, d’un grand espace maghrébin économiquement intégré, où chaque homme aura la possibilité d’entreprendre, de produire et de créer des richesses.

Le peuple américain n’admettrait-il pas le premier la notion fédérale à l’échelle d’une région ou d’un continent ? De par sa vitalité, ne préférerait-il pas des marchés étendus et libres ?

CHATAR  Saïd

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En un mot Politique

Maroc-Algérie : la drogue au cœur du différent diplomatique ?

Les relations maroco-algériennes sont au point mort. Le souhait de Rabat d’une normalisation se heurte à des conditions récemment émises par Alger. La lutte contre le trafic de cannabis en est l’une d’elle. Mourad Medelci, le chef de la diplomatie a sous-entendu que son pays « est presque visé » par le Maroc.

Le ministre algérien des Affaires étrangères a effectué, les 24 et 25 juin, une visite de travail en Russie. Au pays de Poutine, Mourad Medelci a accordé un entretien à la chaine « Roussia Al Ayoum » dans lequel le Maroc a accaparé une bonne partie. Plus réaliste que son homologue marocain qui verse dans un optimisme débordant à chaque fois que l’Algérie est évoquée, Medelci a reconnu que les relations entre Rabat et Alger enregistrent une « amélioration évidente » par rapport à l’état dans lequel elles se trouvaient « il y a deux ans » , rappelant au passage le nombre important de réunions entre les ministres des deux pays. Bien que le rythme de ces déplacements a connu, depuis le début de cette année, un trend baissier à cause de la question du Sahara. « Mais cela ne signifie pas l’absence de problèmes », a averti Medelci.

La drogue principal point de discorde avec le Maroc, selon Medelci
Et des points de discorde il y en a. Le chef de la diplomatie du voisin de l’Est a bien évidemment choisi ce qui sied à son gouvernement : « ce qui préoccupe l’Algérie actuellement est le problème de trafic de drogue », ajoutant que son pays « est presque visé ». Il n’a pas précisé par qui, mais ce n’est un secret pour personne qu’il fait allusion au royaume. La suite des déclarations de Medelci le prouve: « Des quantités importantes de drogue sont régulièrement saisies par les forces de l’ordre algériennes », a-t-il expliqué. Et de renvoyer la balle dans le camp de Rabat, « nous espérons une collaboration de la part du Maroc frère pour lutter contre le trafic de drogue ».

Lundi 24 juin, lors de la session hebdomadaire des questions orales à la Chambre des représentants, le ministre de l’Intérieur a attribué la hausse de la criminalité au Maroc à l’entrée massive de drogues psychotropes. Là aussi, Mohamed Laenser a omis de mentionner la source de ces produits hallucinogènes dont une bonne partie provient de l’Algérie, empruntant, ainsi, le même chemin que les carburants et les médicaments, étalés en grande quantité sur la surface du Souk Al Had de Oujda. Le chef du département de l’Intérieur a révélé aux députés que durant les premiers cinq mois de l’année, les services de sûreté ont saisi 165 mille unités de psychotropes.

La réouverture des frontières renvoyée aux calendes grecques
« Les frontières ne sont pas faites pour être fermées éternellement », a ironisé Morad Medelci. « Au contraire chaque partie doit écouter l’autre partie et nous sortirons avec des mesures et des décisions qui mettront à l’aise les deux pays voisins ». Des propos qui ne sont pas sans rappeler ceux de son collègue à l’Intérieur, Dahou Ould Kablia. Alors qu’il se trouvait, en avril à Rabat, dans le cadre d’une réunion des ministres de l’Intérieur de l’Union du Maghreb, il déclarait que « si nous accélérons le processus des négociations (…) elle (réouverture des frontières, ndlr) pourrait être résolue dans un avenir proche », affirmait-il. « Nous espérons qu’il y aura un environnement propice », concluait-il.

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Jamaleddine nommé ambassadeur d’Egypte au Maroc

Alors que le torchon brûle entre les manifestants et le pouvoir en Egypte, le président égyptien, Mohamed Morsi, a nommé Ahmed Ihab Jamaleddine au poste d’ambassadeur au Maroc, a rapporté dimanche l’agence de presse égyptienne MENA.

M. Ihab Jamaleddine a reçu ses lettres de créance lors d’une cérémonie présidée au Caire par le Chef de l’Etat égyptien.

Cette nomination intervient dans le cadre d’un mouvement de nomination de plusieurs ambassadeurs et consuls égyptiens.

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La première télévision marocaine devant la justice

Nouvel épisode dans l’affaire opposant la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) et Mostafa El Bied, producteur et présentateur de l’émission Biladi, consacrée aux MRE.

Le juge administratif de Rabat vient de demander l’ouverture d’une enquête sur les conditions de déroulement de l’appel d’offres, concernant les programmes du ramadan. L’information a été annoncée ce vendredi, par M. El Bied lui-même.

Selon ce dernier, le juge chargé de l’affaire devrait également convoquer, au cours de cette enquête, le patron de la SNRT Fayçal Laraïchi. « Les responsables de la maison de production Mimesis », dont Mostafa El Bied, devraient également être appelés à témoigner devant le tribunal.

Pour rappel, l’émission Biladi, dédiée à la diaspora marocaine, n’est plus diffusée à la télévision depuis le mois de janvier dernier. La SNRT « a décidé d’arrêter le contrat que nous avions avec elle, alors qu’elle devait nous donner un préavis de trois mois avant la rupture du contrat », nous expliquait alors Mostafa El Bied. Celui-ci a décidé de porter plainte contre la SNRT en avril.

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Le Sahara vu par Moulay Hicham

Moulay Hicham, cousin du Roi du Maroc, était présent lors de la conférence de Human Rights Watch (HRW) sur la torture au Maroc. Moulay Hicham est fraîchement nommé  par HRW conseiller pour la supervision des droits de l’Homme dans la région MENA.

Il s’est exprimé sur la question du Sahara, à un journal espagnole: « Pour faire valoir la souveraineté nationale sur les territoires sahraouis, il faudrait respecter les droits de l’homme reconnus internationalement, mais aussi établir une véritable démocratie », avant de conclure, « deux domaines dans lesquels on a des lacunes », rapporte Cembrero.

Le cousin de SM le Roi Mohammed VI atteste que la critique des violations des droits de l’homme dans le dossier du Sahara est, pour le peu, sensible. « Le problème est que mes compatriotes, et pas seulement les représentants du gouvernement, estiment que toute discussion ou critique vis-à-vis des abus sur le territoire marocaine, est dirigé contre eux » confie-t-il. « Ils doivent comprendre que les droits de l’homme sont des valeurs universelles applicables à tous et partout.»

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Maroc : 38% de réussite au Baccalauréat 2013

Plus de 147.000 Marocains ont décroché leur baccalauréat cette année, soit un taux de réussite de 37,91%, dont 51% sont des filles, d’après Mohamed Louafa, ministre de l’Education Nationale.

Le ministère indique que 43,6% des lauréats poursuivaient leurs études dans l’enseignement public et 13,39% sont des candidats libres.

Le taux de réussite parmi les élèves des filières scientifiques et techniques a atteint 45,91%, contre 27,82% pour les branches littéraires.

176.000 candidats devraient passer la session de rattrapage du baccalauréat prévue du 9 au 11 juillet prochain, précise le ministère, selon lequel, le nombre de candidats à l’examen était de 484.780.

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Les résultats de la session normale de juin 2013 de l’examen du baccalauréat sont disponibles  sur la plate-forme Taalim.ma

Pour accéder à ce service, le candidat doit introduire tout d’abord son code national de l’étudiant (CNE), soit CNE@bac2013.taalim.ma et puis le mot de passe constitué de la date de naissance (jour/mois/année).

Au moins 12 élèves ont été arrêtés lors de la session de juin du baccalauréat pour fraude aux examens, et quelque 1965 cas de tricherie ont été signalés à travers le Maroc.

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Maroc : Le Roi reçoit Hamid Chabat

Le Roi Mohammed VI a reçu brièvement ce mercredi à Oujda, Hamid Chabat, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal. Le turbulent politicien aurait tout juste eu le temps de remettre le mémorandum faisant état de la décision de la sortie de son Parti du gouvernement Benkirane.

Dans son mémorandum de 30 pages, le Parti de l’Istiqlal explique qu’il a décidé du retrait de ses ministres du gouvernement, en raison de l’incapacité de l’exécutif Benkirane, à faire face à la grave situation économique et sociale du pays.

« Le Souverain n’aurait accordé une audience à Chabat que par courtoisie », explique une source de l’Istiqlal. « Le Roi n’aurait pas l’intention d’intervenir dans le conflit opposant l’Istiqlal au gouvernement Benkirane », affirme notre interlocuteur.

L’Istiqlal s’était référé dans sa démarche à l’article 42 de la Constitution, conférant au Roi le rôle d’arbitre. Mohammed VI était intervenu depuis la France pour contenir cette crise, qui aurait pu faire éclater le gouvernement.

Chabat a affirmé à la presse à l’issue de l’audience royale, que son Parti attendait maintenant la réponse du monarque, affirmant que la discussion avec le Roi a concerné principalement l’intérêt général du pays, estimant que la décision de l’Istiqlal de sortir du gouvernement est tout à fait logique.

Les dirigeants de l’Istiqlal comptent se réunir ce mercredi soir, pour étudier les dispositions de la sortie de leur parti du gouvernement.

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Maroc : Un évangéliste arrêté pour prosélytisme à Agadir

L’homme, un ingénieur électricien, a été appréhendé par la police touristique sur la corniche de la ville, alors qu’il proposait ses supports, dont le but est d’ébranler la foi des Musulmans, expliquent des sources locales.

L’évangéliste Britannique âgé de 25 ans, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il aurait mené depuis son arrivée à Agadir (sud du Maroc) le 15 juin dernier, une campagne de prosélytisme auprès des jeunes, principalement dans le quartier de Talbourjt, où il résidait.

Le mis en cause sera déféré cette semaine devant le procureur général de la Cour d’Appel d’Agadir, pour complément d’enquête.

Au moins 20.000 marocains se seraient convertis au christianisme, d’après l’institut américain Pew, selon lequel, le christianisme serait la deuxième religion au Maroc.

Si la Constitution marocaine interdit toute forme de discrimination quelle qu’en soit l’origine, le code pénal du pays, dans son article 220 punit “quiconque emploie des moyens de séduction dans le but d’ébranler la foi d’un musulman ou de le convertir à une autre religion, soit en exploitant sa faiblesse ou ses besoins”.

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Reynders refuse de recevoir les familles des détenus belges au Maroc

Une trentaine de personnes se sont rassemblées mercredi devant le ministère des Affaires étrangères, à Bruxelles, pour demander la protection et le retour de prisonniers belgo-marocains détenus au Maroc.

Le Comité des familles des détenus européens au Maroc, à l’initiative de ce huitième rassemblement, déplore que le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders «refuse systématiquement» de recevoir les familles des détenus.

Vers midi, les participants au rassemblement ont accroché des banderoles demandant la libération d’Ali Aarrass, d’Abdelkader Belliraj, d’Abdellatif Bekhti ou encore d’Hicham Bouhali Zriouil, détenus au Maroc pour terrorisme. Selon les familles des détenus, ceux-ci sont victimes de fausses accusations, d’aveux sous la contrainte, de procès inéquitables et de tortures.

«Nous demandons depuis des mois à Didier Reynders de recevoir une famille, n’importe laquelle», s’impatiente Luk Vervaet, porte-parole du Comité. «Nous souhaitons simplement une protection consulaire pour les détenus belges au Maroc, comme cela existe dans les autres pays.»

Dans son combat, le Comité s’appuie notamment sur le rapport du Rapporteur spécial des Nations Unies contre la torture, l’Argentin Juan Mendez, sur la détention du Belgo-Marocain Ali Aarrass. Récemment rendues publiques, ses conclusions font notamment état de «l’absence d’enquêtes par les autorités marocaines», de «harcèlement constant», de «refus d’un traitement médical approprié» ou encore de menaces.

«A quoi sert une convention sur la torture si rien n’est fait alors que les preuves existent?», s’interroge Luk Vervaet. «Les autorités belges gardent le silence à cause d’intérêts diplomatiques, économiques et politiques. L’interdiction de la torture est une norme du droit international impérative, la Belgique doit intervenir.»