La première va aborder dans la suite de ces lignes les risques du métier de diplomate et les défis de la mondialisation auxquels il est confronté, ainsi que la diplomatie multilatérale. Le diplomate qui devait traditionnellement prendre la défense des intérêts de son pays, se trouve dans un nouveau contexte se prêtant davantage à une défense des intérêts d’un groupe d’Etats où la souveraineté des pays est de plus en plus limitée ou plutôt partagée.
La deuxième va traiter de la diplomatie multisectorielle et de la diplomatie transformationnelle. La première consiste à se disposer sur plusieurs secteurs, l’économie, la culture, etc. Dans le secteur de l’économie par exemple, le diplomate ou plutôt l’ambassadeur se mue en consultant au service de son pays pour l’investissement, l’industrie et le commerce entre autres. La deuxième se rapporte à la diplomatie transformationnelle où le diplomate, à côté de ses tâches traditionnelles d’analyse politique et économique et de protection des intérêts de ses concitoyens, doit non seulement s’adapter à son environnement, mais aussi travailler à changer celui-ci au profit de l’image de son pays.
Le métier de diplomate et la diplomatie multilatérale
Le métier de diplomate excite la curiosité et suscite souvent des préjugés, voire des fantasmes. Les clichés caricaturaux au sujet de l’ambassadeur menant grand train de vie dans de somptueuses résidences illustrent parfaitement ces poncifs. Ainsi, la «carrière» diplomatique reste toujours distinguée par ses spécificités, son code social et un fort attachement à l’esprit de corps.
Pour certains, en raison du développement des moyens de communication modernes et des relations directes existant entre les chefs d’Etat et les ministres de tous les pays du monde, le diplomate est tenu en marge des décisions importantes. Pour d’autres, ce métier est réduit à une forme d’oisiveté de luxe ou à une fonction d’agent secret.
Toutefois, au-delà de ces stéréotypes, un ambassadeur dont le métier est de représenter son pays à l’étranger est invité à participer à des activités publiques et sociales où il est mis en contact avec des notabilités du pays d’accueil. Il devra se construire un réseau de relations et sera jugé en fonction du crédit politique dont il bénéficiera au sein des autorités de l’Etat d’accueil. Représenter son pays n’est donc nullement et aucunement de la figuration : c’est une démarche active, astreignante, qui interdit de commettre des maladresses et demande beaucoup de tact, de doigté et d’effort pour gagner la confiance de ses interlocuteurs.
Depuis la fin des confrontations classiques Est-Ouest, le diplomate qui n’exerce plus un rôle confiné par les contraintes de la Guerre froide, est appelé à déployer désormais son action dans un espace multipolaire et développer une véritable empathie pour les autres cultures.
Le diplomate informe mais interprète aussi les signaux qu’il perçoit dans son environnement en vue d’aider les gouvernements à régler les problèmes avec habileté et délicatesse et à adopter la meilleure posture face aux tensions d’un monde multipolaire. La communication diplomatique comporte toute une série de gestes, de messages et de déclarations qui expriment une intention. La diplomatie du ping-pong fut un signal diplomatique indiquant que les Etats-Unis et la Chine étaient prêts à l’apaisement, prélude à une reconnaissance diplomatique. Il faut savoir interpréter les signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Un silence peut être un signal en soi, mais signifie-t-il accord ou refus ? En 1990, l’attitude de l’ambassadeur des U.S.A à Bagdad qui ne mit pas en garde Saddam Hussein au moment où ce dernier préparait l’occupation du Koweït, fut interprétée par le Président iraquien comme une forme d’indifférence, voire de consentement à ses projets d’offensive contre son voisin.
Le diplomate doit d’abord comprendre ce que les autres pensent et être capable d’évaluer leurs forces et leurs faiblesses. Cela paraît assez élémentaire au premier abord, mais les crises qui éclatent bien souvent sont dues à la sous-estimation ou à l’incompréhension de ce que pense ou ressent «l’autre» qui est le principal objet d’attention du diplomate. Que cet «autre» soit un adversaire stratégique, un partenaire commercial, un allié idéologique, le diplomate est d’abord celui qui traite avec «l’autre». On peut être en désaccord avec «l’autre», mais cela ne doit pas conduire à le condamner ou à le mépriser et à l’ignorer. La négociation diplomatique qui est un exercice de longue haleine a souvent été considérée comme l’art de la ruse et de la dissimulation. Pour Machiavel, la diplomatie doit faire appel à la ruse pour convaincre. Pour influencer les tiers, il peut recourir à toute une série de «manœuvres» : alliances tactiques de circonstances, manœuvres dilatoires, multiplication des exigences. Toutefois, si la ruse peut être un moyen, elle n’est jamais une fin : une diplomatie fiable est, à long terme, préférable aux subtilités où tous les coups sont permis. Les intérêts sont tellement imbriqués les uns dans les autres qu’il n’est pas permis d’appliquer le jusqu’auboutisme et d’imposer son point de vue par la force : on ne gagne pas en humiliant la partie adverse. Le diplomate peut être habile mais son point de vue ne prévaudra que s’il est solidement étayé et argumenté.
En ce qui concerne la situation problématique du Sahara soi-disant occidental, le travail de la diplomatie marocaine doit s’adapter aux changements internationaux marqués par la fin des confrontations classiques entre les deux camps, Est-Ouest. De la logique de confrontation, la diplomatie est entrée désormais dans une logique d’influence. Elle doit déployer son action dans un espace multipolaire, où la négociation reprend une place prépondérante. Dans cette optique, les diplomates marocains doivent être capables de détecter les éléments favorisant un rapprochement entre les points de vue de leur pays et de ceux où ils se trouvent. Ils doivent savoir capter, interpréter et évaluer l’importance des signaux qui peuvent conduire à des malentendus s’ils sont mal compris. Les faits et gestes d’un diplomate sont autant de signaux : retour précipité dans sa capitale pour des consultations, départ précipité d’une cérémonie, comme ce fut le cas avec le Premier Ministre marocain A. BEN KIRANE pendant les funérailles du Président BEN BELLA à Alger. La diplomatie des crises est une diplomatie des signaux dont la mauvaise interprétation peut conduire au conflit.
Le diplomate agit de nos jours dans un monde globalisé et une souveraineté des pays de plus en plus limitée ou plutôt partagée. Le diplomate qui devait traditionnellement prendre la défense des intérêts de son pays, se trouve dans un nouveau contexte se prêtant davantage à une défense des intérêts d’un groupe d’Etats. La diplomatie se déploie de plus en plus dans le multilatéralisme : que ce soit l’U.E, le G77, l’ASEAN, etc. L’appartenance à de tels groupements influe sur le travail diplomatique. D’où le réalisme, la viabilité et la fiabilité de la thèse marocaine sur l’Autonomie qui pourrait donner la première forme d’un espace régional maghrébin auquel aspirent les peuples de celui-ci.
Les postes diplomatiques devront, eux aussi, se familiariser progressivement avec les dossiers de la mondialisation qui se traitent de plus en plus dans le cadre multilatéral. Ainsi est-il utile pour nos jeunes diplomates de bénéficier d’une formation assez approfondie sur la mondialisation à l’issue de leur stage. Peut-être qu’un jour nous pourrions nous inspirer du Danemark, qui vient de nommer des « attachés en matière de climat » dans ses ambassades situées à Washington et dans quatre pays émergeants. Aujourd’hui, il y a des négociations entre 192 Etats à l’ONU, 149 à l’OMC, et bientôt 28 (avec la Croatie) au sein de l’Union européenne… Les interférences extérieures qui viennent s’ajouter encore à cet ensemble déjà surchargé de règles du jeu devenues plus complexes, sont loin de simplifier les négociations diplomatiques.
Cet état de choses traduit une réalité plus profonde : les questions internationales sont toujours plus liées entre elles et concernent davantage de pays ; ce qui explique la montée en puissance des négociations multilatérales. Les missions classiques du diplomate ne disparaissent pas, mais elles doivent tenir compte de leur nouvel environnement qui ne finit pas de se compliquer et de se complexifier.
La diplomatie de la «globalisation» qui conduit à des négociations internationales tous azimuts pousse le diplomate à se spécialiser dans le processus de négociation, quel que soit le domaine concerné. Les dossiers qu’il traite ont de plus en plus des répercussions concrètes et immédiates sur la vie quotidienne des gens.
La mondialisation qui peut engendrer un développement planétaire dont les bienfaits ne sont pas toujours équitablement répartis débouchera inéluctablement sur des tensions, voire des conflits armés. C’est pour cela que les diplomates devront absolument avoir au cœur de leur attention les effets de la mondialisation en mettant en exergue la dialectique entre sécurité et développement.
Les menaces et les défis générés par cette mondialisation dans les relations internationales nécessitent une réponse adéquate, non pas en termes de forces armées seulement, mais aussi sous la forme d’une recherche d’un développement centré autour des besoins de l’humanité. La diplomatie devra mettre l’accent désormais sur le rôle de la communication, de la culture, des acteurs non étatiques et de la «déterritorialisation» de l’espace politique.
Face aux nouveaux défis du XXIe siècle, la qualité de la vie dans les mégalopoles, la démographie galopante dans les pays en voie de développement, l’approvisionnement en matières énergétiques, les pandémies, le changement climatique qui sont fondamentaux tant pour la sécurité que pour le développement, la diplomatie doit disposer de nouvelles aptitudes et de nouveaux instruments pour les insérer dans les processus de négociations internationales.
La diplomatie multisectorielle et la diplomatie transformationnelle
Jusqu’à présent, la diplomatie marocaine tarde toujours à tenir compte de la mondialisation. La politique étrangère a été conçue pendant longtemps comme la conduite des affaires entre des Etats et ressortait du domaine exclusif de l’Etat et de ses gouvernements. Aujourd’hui, la politique internationale inclut un grand nombre d’acteurs extérieurs au ministère des Affaires étrangères : départements techniques, défense nationale, parlements, villes, entreprises, syndicats, société civile, etc. Cela reflète évidemment la disparition progressive des démarcations entre les affaires étrangères et les affaires intérieures et la manifestation du passage de l’ère de la Guerre froide à celle de la mondialisation avec ses bienfaits et ses méfaits.
La montée en puissance de ces nouveaux acteurs renforce, paradoxalement, le rôle des Etats dans le nouveau système international multipolaire. Jamais les acteurs de la société civile n’ont autant réclamé l’intervention de l’Etat sur la scène mondiale, dans des domaines comme l’économie, la justice, le développement, les droits de l’homme, l’environnement, etc. Les turbulences mondiales qui ne finissent pas d’élargir le spectre d’action diplomatique, nécessitent davantage de vigilance et de régulation et renforcent le rôle du ministère des affaires étrangères, pour autant que celui-ci fasse l’indispensable effort de modernisation.
On peut affirmer, dès lors, que la mondialisation est une chance pour le ministère des affaires étrangères ; encore faudra-t-il que les diplomates puissent relever ce défi. Pour cela, il convient à nos diplomates d’avoir à l’esprit un double champ d’action diplomatique : l’action bilatérale d’un côté, et l’action multilatérale de l’autre où nos diplomates vont se trouver face à de nouveaux défis (le climat, l’énergie, les migrations internationales) auxquels ils ne sont pas préparés d’emblée.
Il n’y a pratiquement plus de problèmes qui se négocient à deux : les pays engagent continuellement des négociations dans les domaines les plus divers avec des dizaines d’autres Etats et organisations internationales. On y débat le plus souvent des thèmes transversaux qui exigent des connaissances scientifiques et techniques de plus en plus précises. Une négociation sur le changement climatique sollicite l’intervention d’un économiste pour les tractations sur les échanges de droits d’émission, d’un agronome connaissant bien les questions de biodiversité, d’un administrateur des fonds de coopération environnementale, etc. Il n’est pas possible pour un diplomate de cumuler toutes ces fonctions. Le ministère des affaires étrangères qu’on va oser comparer à une «tour de contrôle» et à un tableau de bord, doit être en phase avec ce nouvel environnement des relations internationales pour mieux négocier et coordonner les négociations internationales.
La mondialisation qui enveloppe les relations diplomatiques est à la fois un élément de compétition et un facteur de coopération. Elle stimule la compétition diplomatique entre les Etats qui se font concurrence sur les marchés mondiaux de l’énergie et des autres matières premières. Cette compétition devient de plus en plus féroce sous l’influence des pays émergeants (le B.R.I.C). Toutefois, la mondialisation suscite également des réflexes de coopération : un Etat ne peut lutter seul contre la pollution maritime, le changement climatique ou les épidémies. Il convient de développer des modalités de coopération, même si cela se fait en fonction des rapports de force.
La multiplicité des acteurs n’empêche nullement le rôle central des Etats. Ainsi, pour mener à bien une négociation sur un thème horizontal, il convient d’anticiper les positions des Etats ou des acteurs de la société civile, de détecter les alliances, les divisions chez les autres acteurs de la négociation, d’évaluer les possibilités de compromis. Grâce au réseau des ambassades et d’une bonne compréhension des enjeux en présence, le ministère des affaires étrangères serait le seul à disposer des capacités globales d’analyse, de synthèse, d’information et de coordination pour assumer ce rôle.
C’est pourquoi, le gouvernement doit absolument créer au sein du ministère des affaires étrangères une «Direction de la Mondialisation» ad hoc dont les atouts majeurs consisteraient en trois C : Connaissances techniques, Coordination et Communication. Elle regrouperait des services traitant des questions dites transversales, comme les négociations sur l’environnement et le développement durable, l’énergie, la coopération économique régionale et internationale, les institutions financières internationales, les matières premières, la politique scientifique, les migrations internationales… Compte tenu de la technicité de ces situations problématiques, des fonctionnaires ayant une longue expérience de ces dossiers en assureraient la gestion avec le renfort des économistes. Cette « Direction de la Mondialisation » travaillerait en étroite relation avec un département de la « Coordination Multilatérale ». Celui-ci serait le lieu où l’on peut élaborer la synthèse politique entre les différents intérêts contradictoires, où la vision géopolitique pourrait trouver une place. Périodiquement, une concertation serait également à prévoir avec les acteurs non étatiques de la mondialisation, les ONG, les fédérations d’entreprises, les syndicats, les partis politiques, la société civile…
Le diplomate classique dont le rôle était celui d’un « généraliste » qui menait son action dans un domaine très vaste dans tout ce qui relevait d’un contact avec l’extérieur, conserve toujours cette capacité de percevoir globalement les questions internationales. On ne négocie pas seulement avec un ministre de l’Agriculture ou de la Culture, mais avec un pays. Il faut avoir une vision large des autres intérêts qui peuvent contredire les intérêts précis en jeu dans la négociation. Une appréciation globale est indispensable.
Pour ce qui est de la diplomatie transformationnelle du Maroc par exemple, notre idée est de mettre et de déployer les diplomates accrédités dans les pays considérés comme réticents à l’égard de la thèse de l’Autonomie de la région du sud du Maroc, sur le terrain afin qu’ils puissent défendre plus efficacement celle-ci et fassent mieux connaître les projets de régionalisation, de décentralisation, de développement socio-économique et de l’établissement de l’État de droit qui sont engagés au Maroc, et qui correspondent le mieux au contexte politique international actuel.
Dès lors, la diplomatie transformationnelle considère que le diplomate, à côté de ses tâches traditionnelles d’analyse politique, économique et de protection des intérêts de ses concitoyens, doit non seulement s’adapter à son environnement, mais aussi travailler à changer celui-ci pour qu’ils puissent atteindre son objectif. Il doit penser en termes passifs – réaction à l’environnement – et en termes actifs – actions sur l’environnement. Les deux attitudes sont nécessaires : réaction à l’environnement, c’est-à-dire adaptation à celui-ci et action sur l’environnement, c’est-à-dire changement de celui-ci ; et si le diplomate oublie l’une des deux attitudes, il atteindra difficilement son objectif. Ainsi, il doit participer à des manifestations en rapport avec des programmes de développement socio-économiques et d’éducation dans le pays où il se trouve. Cela signifie, par exemple, que le diplomate quitte le confort de son ambassade pour aller travailler dans les grandes villes du pays, sans personnel local ni responsabilité consulaire et devenir ainsi un élément du tissu social local. Les journaux l’appellent et les gens demandent son avis sur beaucoup de choses. La fiabilité et la crédibilité du diplomate qui est mêlé à toutes ces questions vont dépendre de sa façon d’agir en deçà et au-delà des murs de l’ambassade.
Toutefois, le diplomate agissant sur le terrain ne risque-t-il pas d’être accusé d’ingérence dans les affaires intérieures du pays où il est accrédité ? Aussi, la «diplomatie transformationnelle» lui donne-t-elle plusieurs possibilités d’agir : la diplomatie publique-parallèle, les contacts avec les minorités nationales ou encore avec les décideurs économiques…
A côté de ses responsabilités d’information et d’analyse, l’ambassadeur est aussi régulièrement appelé à soutenir les entreprises de son pays : il s’agit de la diplomatie économique qui consiste à accompagner les efforts de pénétration économique des entreprises sur un marché déterminé, notamment en les mettant en rapport avec des décideurs économiques et en organisant des actions de relations publiques afin de valoriser le savoir-faire économique et technique d’un pays.
La diplomatie économique est aussi au service de l’attraction des investissements. Dans les pays en développement, le diplomate peut être appelé à donner son avis sur la solvabilité par rapport à la dette extérieure ou encore sur les perspectives de croissance. Enfin, la diplomatie économique vise à lever certaines restrictions aux importations que l’un ou l’autre État impose dans le cadre d’une «guerre commerciale» ou de mesures de protection sanitaire (comme par exemple dans le cas de la grippe aviaire ou de la dioxine). Cela nécessite de nombreuses démarches, un grand effort d’explication, mais le résultat, parce qu’il est tangible, offre des satisfactions plus immédiates qu’une longue négociation politique. Le diplomate se mue ainsi en consultant au service de l’industrie et de l’économie de son pays.
En guise de conclusion
On a beaucoup daubé sur la soi-disant duplicité du diplomate. La Bruyère n’a-t-il pas fait un mauvais procès au diplomate en le comparant à un caméléon. Pourtant, le diplomate qui ment arrive rarement à ses fins. La sincérité et une réelle capacité d’écoute sont des qualités appréciées chez le diplomate. La maîtrise de soi dans les situations difficiles est une qualité qui se confirme par exemple lorsqu’un diplomate organise le rapatriement de ses compatriotes dans un pays en proie à un conflit armé, ou encore lorsqu’une ambassade doit subir des critiques pour telle position adoptée par son gouvernement.
Si l’on veut résumer les qualités du diplomate d’aujourd’hui, on perçoit bien les différences avec le passé. Dans un monde interdépendant et caractérisé par un nombre croissant d’acteurs et de défis multiples, la diplomatie exige une plus grande capacité à négocier avec un nombre important de partenaires. Loin des manœuvres de couloir, il est amené à déployer ses activités dans un large champ d’actions, qui va de la politique commerciale à l’action culturelle, en passant par les questions militaires et celles de développement. Il ne prétend pas en être un expert, mais plutôt quelqu’un qui est capable d’en faire une synthèse destinée à nourrir une action.
Même s’il lui arrive de négocier en secret, le diplomate doit savoir communiquer aussi bien avec les partenaires qu’avec le grand public. Et, pour mener à bien son métier, le diplomate doit distinguer l’essentiel de l’accessoire, préférer l’échange et le dialogue à la force, l’intelligence à la passion, les projets à long terme aux «coups». Il y a des constantes dans ce métier : intérêt pour les relations entre les États et entre les nations, attirance pour les autres cultures, sens du service de l’État.
En dépit des agitations internationales actuelles, l’ambassade doit toujours rester ce lieu d’accueil où l’on s’efforcera d’apporter l’assistance (consulaire, économique, culturelle) qu’on est en droit d’attendre d’un service public incarnant la représentation d’un État auprès d’un autre État.
Said Chatar