Catégories
Actualités Sport

La diaspora marocaine et son avenir

L’arrivisme et l’opportunisme petit-bourgeois des responsables: La diaspora marocaine qui est estimée en 2012 à plus de 4.500.000 âmes, transfert plus de 55 milliards de dirhams/an au cours des dernières années, soit l’équivalent de 7 à 8 % du revenu national de notre royaume. 

CHATAREn dépit de ses transferts qui contribuent fortement à renforcer le système financier du Maroc en servant d’amortisseur social que ce soit dans l’éducation, la santé, la consommation courante ou même dans le rétablissement de l’équilibre de la balance économique avec l’étranger, la diaspora des M.D.M qui est une richesse inestimable (par sa diversité, son savoir-faire, son relationnel, ses valeurs et son amour pour la patrie) demeure toujours inexploitée.

Les marocains du monde se sentent frustrés et croient qu’ils ont été bernés par le mirage de leur exclusion du processus de la création par les gouvernants, du Ministère des M.R.E, des fondations et enfin du C.C.M.E «fantoche» qui ne représente que lui-même (et encore….). Ainsi, le rôle principal de ces «machins» officiels n’a consisté jusqu’à présent qu’à dilapider les deniers publics en organisant des fêtes folkloriques et des rencontres dépourvues de débats sérieux.

L’arrivisme et l’opportunisme petit-bourgeois des responsables de ces organisations qui ont été imposés de façon autoritaire ne font que distraire et oublier à la diaspora des M.D.M que les solutions à tout ce qu’elle pose comme problèmes existentiels sont naturellement à sa portée. En effet, ces responsables effectuent souvent inutilement des voyages à travers le monde à l’abri de tout contrôle et de toute évaluation des résultats des activités des organisations qu’ils sont censés administrer et gérer à bon escient. C’est pourquoi, pour la diaspora des M.D.M, la vie devient comme une course dont la ligne d’arrivée s’éloigne au fur et à mesure qu’on accélère le rythme.

Nous estimons que cette composante de la population marocaine, ne peut être mieux valorisée que dans le cadre de la nouvelle constitution dont le principe fondamental est l’égalitarisme en devoir et en droit. Et, le meilleur des incitants de cette valorisation est la participation politique de la diaspora des M.D.M d’une manière directe à toutes les institutions électives du pays, afin qu’elle puisse se sentir pleinement citoyenne marocaine conformément au droit conféré par la constitution.

Il nous faut donc un immense sursaut patriotique dans une large solidarité pour pousser hors de l’orbite ceux qui, dans notre pays, se complaisent à entretenir des réseaux des prédateurs qui sont décidés à réduire la diaspora et les larges couches populaires marocaines à néant. Nous sommes persuadés que l’exploitation des transferts de la diaspora et des richesses de notre royaume que nous aimons tant, se fait sous le parapluie des ceux qui nous gouvernent dans l’ombre et qu’il est naïf de se fier à tout ce qui se raconte actuellement sur toutes les tribunes nationales et internationales sur la situation du Maroc.

transferts-mre-2012-252bdLes deniers publics détournés: Ces éléments dépourvus de tout esprit de civisme et de patriotisme, que M. A. BENKIRANE surnomment « Tamassihs » et « Afarits » (caïmans  et diables) et devant lesquels il a  baissé les bras, ont fini par devenir ses compères en composant avec lui.  Ces éléments nuisibles et dangereux qui ne participent pas au processus de développement socio-économique de notre royaume, détournent les deniers publics sans produire un clou. Ces  faiseurs des maffieux de la rente qui ne payent pas d’impôts et qui n’investissent pas dans les entreprises, surtout les P.M.E et P.M.I créatrices d’emplois, ne finissent pas d’affaiblir significativement le pays. Et ils savent que son relèvement n’est pas pour demain, quelle que soit l’ardeur de la prise de conscience que son Roi et son Peuple exprimeraient. Alors que les fuites des grands capitaux marocains à l’étranger battent leur plein, notre Royaume fait appel au soutien des pays du golfe et des institutions financières internationales; c’est là la chandelle de la trahison de ces «diables» et ces «caïmans» dont l’existence est fondée sur le principe suivant : ou tu pilleras ton prochain, ou c’est ton prochain qui te pillera.

Toutefois, puisque M. A. BENKIRANE s’est montré incapable de les poursuivre en justice, c’est au peuple marocain tout entier, y compris la diaspora des M.D.M, de les tracasser, les traquer, les démasquer et les dénoncer dans les mass media et autres moyens de communication et d’information modernes. Ces maffieux qui se terrent et s’activent dans les cryptes des centres de décision, n’ont pas intérêt à voir les membres de la diaspora s’intégrer dans leur pays d’origine et encore moins dans leurs pays d’accueil. Car ces «diables» et ces «caïmans» sans scrupules voudraient bien faire perpétuer cette contribution passive de la diaspora à l’économie de notre royaume qui se limite uniquement au transfert. Ils n’admettent pas que la diaspora puisse contribuer activement et d’une manière moderne au développement socio-économique de leur pays d’origine et également de leurs pays d’accueil. Les efforts consentis par la diaspora pour orienter une partie de ces transferts vers des secteurs plus productifs ont toujours buté contre les entraves tendus par ces maffieux «invisibles», au niveau des pouvoirs judiciaires et exécutifs.

La diaspora marginalisée:  Face à ces traquenards cachés, efficaces mais extrêmement dangereux pour notre royaume, il a été constaté que la diaspora n’a pu s’activer et investir que dans certaines régions pauvres et marginalisées, et ce dans les domaines qui relèvent normalement des compétences de l’Etat : l’acquisition des équipements médicaux, le désenclavement routier de certains villages, la scolarisation, etc., enfin, le misérabilisme par la sous-utilisation et la dilapidation des compétences de la diaspora, au détriment du développement de notre cher et beau royaume.

C’est pourquoi, les compétences de la diaspora doivent faire l’objet d’une attention particulière, car leur absence du territoire et leur manque d’adaptation à l’état d’esprit de l’administration marocaine, fait que de nombreuses opportunités leurs sont inaccessibles, alors même que le Maroc a besoin de leur savoir-faire et de leur réseau relationnel inexploité.

Le transfert de «know how» permet d’ouvrir des opportunités d’affaire et d’échange d’expertises, l’exploitation du réseau relationnel constitue un relais de la diplomatie «publique-parallèle» dont notre royaume a tellement besoin actuellement à l’étranger (voir notre article intitulé : «Collecte et diffusion d’information en diplomatie»).

Saïd CHATAR

Catégories
Points de vue

P.M.E, P.M.I ET CREATION D’EMPLOI AU MAROC

Ce point de vue se rapporte à la deuxième partie de mon article relatif au projet de développement durable concernant la gestion et le traitement écologique des déchets ménagers solides et assimilés que je compte réaliser au Maroc. Ce projet que je veux mener dans un nouveau cadre de travail viable, fiable, avec une approche démocratique, inclusive et participative, en association avec le milieu associatif et l’I.N.D.H, ne finit pas de buter sur des obstacles réglementaires inextricables et des cryptes bureaucratiques kafkaïennes d’une administration d’une autre époque, bloquée et complètement dépassée par les réalités de notre royaume qui sont en mouvements perpétuels.

P.M.E et P.M.I au Maroc

Il convient d’avoir toujours à l’esprit l’importance de la flexibilité des P.M.E et des P.M.I et du rôle qu’elles peuvent jouer dans la sous-traitance, la croissance économique, le développement industriel et la création d’emplois aux prix d’investissements relativement modérés.

Dans une entreprise de taille modeste, l’élément fondamental est le chef d’entreprise lui-même, c’est à dire la personne qui gère les risques et qui catalyse les ressources en vue de créer une entité viable et génératrice d’emplois stables. L’homme ou la femme qui possède ces qualités doit donc être découvert, motivé, affermi et soutenu. Malheureusement, il n’en va pas ainsi au MAROC où on continue toujours à croire que la condition du chef d’entreprise est innée et non acquise.

Cette conception s’est révélée fausse, car il a été formellement établi que l’esprit d’entreprise et l’aptitude à la conduite des hommes étaient un trait de caractère et une qualité latente qu’on peut développer et entretenir chez la plupart des individus. Donc, ce qu’il faut à ces individus ce sont les aides dans le domaine institutionnel et dans celui des infrastructures qui leur permettent de mettre en avant et d’employer leurs aptitudes à entreprendre.

Les Agences de Développement Régional (A.D.R) créées au Maroc, les chambres de commerce et d’industrie, ainsi que les chambres d’agriculture pourront constituer un moyen adéquat et approprié pour aboutir à ce but. Elles devront favoriser le développement de l’esprit d’entreprise au sein des divers groupes qui sont les villages, les jeunes qui ont terminé leurs études (filles et garçons), les diplômés chômeurs, les personnes ayant pris une retraite anticipée possédant une qualification technique (femmes et hommes), ainsi que ceux et celles qui sont en train de dépérir à la suite de leur départ volontaire.

Mais comment l’influence de ces A.D.R et ces Chambres professionnelles pourraient-elles franchir les cloisons bureaucratiques étanches et s’étendre jusqu’aux communes rurales les plus reculées ? Comment accélèreraient-elles le processus de création des P.M.E et des P.M.I au MAROC en menant des politiques et des programmes de développement inventif et durable, et en étant capable de coordonner efficacement l’ensemble des systèmes et des services d’appui ? Pour opérer efficacement, à l’instar des chambres professionnelles, chaque A.D.R doit avoir son siège régional dans le chef-lieu de la région qu’elle couvre par ses services. Nous allons alors avoir une structure décentralisée, permanente et proche des citoyens qu’elle est censée servir.

La personne choisie pour diriger l’A.D.R doit être d’origine de la région où elle doit habiter et avoir une meilleure connaissance des coutumes et des réalités locales dont l’ignorance compromet la justesse des évaluations des besoins. Il n’est pas inutile de signaler à ce sujet qu’aujourd’hui par exemple, les directeurs généraux des Agences de développement régional de l’Oriental et du Sud du royaume, habitent tous les deux à Rabat et non pas à Oujda et à Laâyoune. Alors où est l’ébauche du processus de la régionalisation, de la décentralisation et de l’autonomie ?

Donc, à la manière des chambres professionnelles, ces A.D.R doivent être des organes administrés, gérés, supervisés et contrôlés non pas par des fonctionnaires nommé(e)s selon des procédés technocratiques comme c’est le cas aujourd’hui, mais de préférence choisi(e)s par des conseils d’administration composés non seulement par des représentants de l’Etat (arbitrage et régulation), mais aussi par les élu(e)s locaux, les organismes professionnels (banques régionales, chambres de commerce et d’industrie, chambres d’agriculture, etc.) et la société civile au niveau de chaque région du territoire du Royaume. Ensuite, c’est au tour du conseil d’administration de chaque A.D.R d’élire un(e) responsable ou un(e) Manager chargé de diriger celle-ci, de déterminer la stratégie à suivre, d’élaborer des plans, d’établir des projets et des programmes à exécuter et de définir les moyens à mettre en œuvre en vue d’atteindre les objectifs fixés au préalable.

Ce procédé va renforcer, non seulement la participation active de la population à la gestion des affaires locales qui est une condition importante de la réussite de l’effort de développement régional et de la politique de la régionalisation, mais aussi le processus démocratique en cours au Maroc.

Ces A.D.R devront encadrer et aiguiller les chefs de P.M.E et de P.M.I pour leur permettre d’obtenir des aides institutionnelles et d’accéder à des crédits financiers. Elles leur donneront aussi des possibilités de formation sur les sources de technologies pour améliorer leurs produits finis à des prix compétitifs et atteindre des normes de qualité et un savoir-faire acceptables.

Et pour alimenter des réflexions sur ces questions, ces A.D.R contribueront à mettre en œuvre des politiques d’industrialisation à petites échelles et décentralisées dont la mission sera de promouvoir des programmes qui consisteront, d’abord à susciter chez les habitants de chaque région l’esprit d’entreprendre et la volonté de développer cet esprit pour la réalisation des objectifs nationaux ; ensuite à définir les approches et les techniques propres en vue de favoriser l’apparition des chefs d’entreprises dans les différents groupes et à établir les moyens de déceler parmi eux ceux qui ont le souci de se développer afin de les aider à s’étendre et à diversifier leurs opérations ; et enfin à instaurer des programmes de développement d’entreprises en tant que stratégie pour la création d’emploi, la promotion des investissements et l’innovation en étudiant quels résultats ont été obtenus ailleurs avec ces programmes et pourquoi.

C’est dans cette perspective qu’il faut donner un contenu très large aux A.D.R. Celles-cidevront agir en coordination et en synergie avec les structures locales déjà existantes telles que les O.N.G, les banques, les écoles, les instituts de formation et les organismes professionnels. Et la mission essentielle de ces derniers sera de dispenser aux différents groupes cités plus haut des cours de formation budgétaires et de droit, de développer en eux des réflexes épargnants et de leur apprendre les rouages des différents types de sociétés (individuelles, coopératives, S.A.R.L., S.A, etc.). A ce propos, il sera utile de leur parler de l’auto-emploi qui suppose qu’en créant quelque chose soi-même, on devient son propre employeur, de la vision globale du développement socio-économique et de la mutation des activités humaines qui sera le passage de l’individualisme à une conception nouvelle de l’entreprise dont le caractère essentielle ne sera plus désormais l’œuvre d’un isolé, mais le résultat d’un travail d’équipe.

Aussi ces A.D.R devront-elles motiver et convaincre ceux qui disposent de ressources financières d’investir en milieu rural, dans les villages et les zones suburbaines plutôt que dans l’immobilier comme c’est le cas aujourd’hui. N’est-ce pas Monsieur le Président du Conseil Régional de l’Oriental ?

Pour contribuer à la création de P.M.E et de P.M.I, par conséquent de l’emploi à travers tout le territoire du royaume, les A.D.R devront agir en articulation et en synergie avec le département central chargé de P.M.E et de P.M.I au Ministère de l’industrie à Rabat qui leur permettra de s’acquitter efficacement de leurs tâches d’un côté, et avec les structures régionales, provinciales et locales, y compris la société civile (le milieu associatif, l’INDH, etc.), de l’autre.

Ainsi, le département chargé de P.M.E et de P.M.I au Ministère de l’industrie à Rabat définira une centralisation de la politique industrielle nationale et une décentralisation de la mise en œuvre de celle-ci à l’échelon régional.

CHATAR Saïd

Catégories
Points de vue

Les Problèmes communautaires des peuples arabes

Il ne fait aucun doute que le bouillonnement des pays de la rive sud du bassin méditerranéen qui est dû à des raisons internes et externes va au-delà des facteurs conjoncturels et religieux. Il remet en cause les régimes politiques en place fermés, rigides, sans perspectives politiques et complètement décrédibilisés aux yeux des masses populaires arabes. Celles-ci découvrent désormais que l’argent et le pouvoir de ces régimes immobiles sur lesquels elles butent, sont concentrés entre les mains des «élites» rétrogrades, corrompues, dépourvues de toute vertu patriotique et déconnectées de leurs pays réels.

Toutefois, notons que les changements brutaux de certains régimes politiques arabes qui sont généralement menés par des jeunes animateurs sont l’objet de tentations de récupération par le grand capital transnational et ses complices locaux : militaires, islamistes, affairistes, etc. En Egypte par exemple, même si elle s’est désolidarisée de Housni Moubarak sous la pression de la rue, l’armée a toujours été la patronne de l’Egypte et la colonne vertébrale du régime. Elle va rester encore aux affaires et garder pour longtemps son rôle de faiseur de rois. Sa tentation est de recomposer avec le grand capital et ses monopoles, et de rétablir sur les décombres de l’ancien régime, un ordre réunissant islamistes, affairistes, hommes d’affaires et anciens opposants au détriment des réformateurs authentiques.

Ces jeunes animateurs qui ont la fureur de vivre appartiennent à une génération mondialisée par la révolution des moyens de communication qui a donné un coup de vieux aux régimes politiques en place (le lancement et l’entrée dans tous les foyers des chaînes de T.V, Al Jazeera, entre autres). Cette révolution qui a généré un rapprochement sans précèdent entre les sociétés non seulement au niveau du monde arabe, mais aussi à l’échelle de la planète, a poussé les masses arabes à aspirer à des valeurs démocratiques et universelles. Encore faudra-t-il que les meneurs de ces agitations populaires soient capables de donner à leur démarche un contenu politique et stratégique avec des moyens à mettre en œuvre en vue d’atteindre des objectifs enveloppés de conceptions philosophiques, politiques, socio-économiques, voire psychologiques de la civilisation humaniste, technicienne. Des objectifs qui consistent à préparer un espace où s’incarnerait un nouvel esprit d’Humanisation du travail.

Par «Humanisation du travail» nous entendons les conditions matérielles du travail et ce qu’il entraine après : salaire, propriété, sécurité…

Humanisation du travail
Les pays arabes possèdent-ils une législation protectrice du travail correspondant aux sociétés modernes ? Voilà une question qui est en rapport avec le niveau de progrès de ces dernières. Toutefois, des problèmes plus profonds se posent encore, qui peuvent se résumer d’un mot : l’humanisation du travail.

Au plan philosophique d’abord, les pays arabes sont dépourvus de structures destinées à mener à bien des recherches sur le machinisme et ses effets positifs et négatifs sur l’homme ; aucune idée sur le bon et le mauvais usage de la machine par l’homme ; comment porter un jugement sur cet usage…, sinon la philosophie recherche l’harmonie entre l’homme et la machine, base d’une « civilisation du travail ».

Sur le plan psychologique ensuite, quels sont les pays arabes qui ont créé des centres universitaires de recherche relatifs à la science psychotechnique entre autres, pour essayer de découvrir les lois d’adaptation concrète de l’homme à la machine ? Pour savoir si dans son ensemble, l’industrie favorise la psychologie du travailleur arabe, si elle développe en lui le mécontentement, le rejet, la paresse et en général, un réflexe de résistance, voire d’inhibition.

Ces centres universitaires qui comprendraient de clairvoyants psychotechniciens, proposeraient des réformes de structures économiques permettant de rendre au travailleur arabe la conscience de sa qualité de coopérateur à l’économie, de père de famille, de citoyen, d’homme. Ainsi, le travailleur arabe donnerait à son travail une adhésion totale : se rendant compte qu’il fait un travail humain, il travaillerait en homme…

Salaire
Le travailleur accepte facilement l’autorité, mais il refusera toujours d’être la victime du despote Argent, dont il ne peut attendre que ruine et misère. Les violentes réactions des masses arabes trouvent, pour une grande partie, leur origine dans l’iniquité pratique du régime «féodalo-capitalistique » dans lequel l’activité humaine est un simple moyen de  faire travailler les capitaux : renversement des valeurs, contre lequel s’insurge tout commun des mortels de bonne foi.

Les Etats et le patronat arabes sont loin d’avoir compris que le problème du salaire prend aujourd’hui d’autres orientations. Partant de la base d’un minimum vital, c’est  aux Etats de fixer les barèmes jouissant de la protection et de la sanction légale, de décider les salaires selon les charges familiales en proportion de la valeur professionnelle et du travail exécuté, et de les augmenter à des participations aux bénéfices.

En ce qui concerne le critère de minimum vital, un homme qui travaille a le droit imprescriptible de vivre du fruit de son travail ; c’est un principe de droit naturel qui est trop souvent violé dans les pays arabes sous prétexte de crise économique. Ainsi faudrait-il, en cas de mauvaise conjoncture, en faire retomber les effets sur le capital d’abord, sur le travail ensuite. Mais le capitalisme qui a toujours préféré la solution contraire, s’est complu dans l’inflation qui touche beaucoup plus la masse des travailleurs et des petits épargnants que les puissants capitalistes.

Sécurité
Quant à l’indemnité pour charge familiale, elle doit être inclue dans le salaire, car, là comme ailleurs, la mentalité des jeunes travailleurs arabes est de plus en plus réfractaire à l’idée paternaliste : les classes laborieuses juvéniles qui travaillent n’admettent plus recevoir des mains d’autrui des gratifications et de l’aumône pour un travail bien accompli. On aperçoit, dès lors, comment le salaire est calculé au minimum dans les pays arabes pour favoriser les intérêts capitalistes et en fonction de la conjoncture économique (prospérité-crise-déflation-inflation). Nous espérons qu’avec ces révoltes et ces insurrections, les futurs Etats arabes, sous la pression des classes laborieuses et des travailleurs, vont être obligés de fixer les barèmes en essayant de concilier capital et travail, en tenant compte de la conjoncture. Il faudra également introduire et généraliser la « Sécurité Sociale » dont le principe est assez simple et qui consiste à réunir les contributions préventives, restreintes et régulières des membres d’une entreprise ou d’une communauté, pour indemniser la victime essentielle d’un risque couteux. On entend par là ce qui peut compromettre la sécurité du travail (licenciement arbitraire, chômage, invalidité…) ou la sécurité d’existence en cas d’impossibilité de travail (pension de vieillesse, par exemple). C’est le grand problème des pays arabes.

Propriété
Par ailleurs, lorsqu’on parle de propriété, il n’est nullement et aucunement question de la propriété des grands monopoles, mais c’est d’abord au droit au logement et à la maison que l’on songe : l’individu et la famille ne se développent pleinement que sous la protection d’un abri assuré, personnel, stable. Il faudra des lois prévoyant des prêts avantageux et remboursables à concéder à tout ménage qui désire acheter une maison, voire la faire construire. Ainsi faudra-t-il procéder à l’extension du crédit foncier et immobilier et du prêt hypothécaire en vue de la construction de maisons individuelles par la création de « sociétés des habitations et logements à bon marché en recourant aux technologies appropriées tel que le «Béton de Terre stabilisée» (1) par exemple, sans pour autant créer «des ghettos» ou du «bloc d’appartements» avec la juxtaposition ou l’accumulation monotone d’installations identiques, dans lesquelles l’individualité familiale est peu respectée.

De même, les travailleurs doivent posséder aussi des réserves d’argent qui leur permettent d’acheter tous instruments et matières nécessaires et utiles à une vie normale : dans une civilisation technique, le standing moyen exige la possession de maints objets dont se passe une époque plus fruste. Ainsi, la distribution d’eau, d’électricité, l’usage du gaz et d’une salle de bain devraient être généralisés. C’est pour cela que le salaire doit absolument être suffisant pour assurer certains biens utiles et agréables correspondant aux besoins de base de nos sociétés modernes et techniques : ornements de la maison, poste de T.V, machines à laver, fer à repasser…, accès aux soins de santé, à l’éducation et à la culture, aux loisirs, distractions, congés, vacances…

En guise de conclusion
Par leurs mouvements insurrectionnels, les grandes masses arabes voudraient plus de solidarité, plus de démocratie politique et économique. Elles veulent une amélioration de leur standing matériel et moral à travers une participation à la direction des activités économiques et politiques. C’est un fait contre lequel des considérations subjectives et objectives se brisent : en gros, le travail s’insurge contre le capital, entend lui rendre sa place, toute sa place, rien que sa place de pur moyen dans l’entreprise et assumer lui-même la direction.

(1): Le principe du B.T.S consiste à préparer des blocs à partir d’un mélange d’argile, d’eau et de chaux (10 à 15 %) qu’il faut laisser sécher au soleil et à l’air libre. Il s’agit d’un procédé simple, approprié, économique et surtout écologique.