Du général Hafer en Libye en passant par Hassan Watara en Côte d’Ivoire au dictateur Al-Sissi Paris devient le protecteur des putschistes et des criminels. Macron ne s’est pas contenté d’une cérémonie fastidieuse réservée au pharaon de la répression en Égypte mais en cachette il lui remis la grand-croix de la Légion d’honneur.
Une information révélée par le Quotidien sur TMC. Un pharaon à Paris. Cérémonie en grande pompe aux Invalides, rencontres avec les plus hauts personnages de l’État, du président du Sénat à la maire de Paris, diner en tenue de gala au palais de l’Élysée. Ces images de la visite du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi ont été révélées mercredi 8 décembre par l’émission Quotidien sur la chaine TMC, qui a dû aller les chercher sur le site de la présidence égyptienne.
« Nous retiendrons que pour la première fois nous sommes allés sur le site d’un régime autoritaire pour savoir ce qu’il se passe à l’Élysée », a conclut le présentateur Yann Barthès après la diffusion de ces séquences, qui n’avaient pas été ouvertes à la presse française.
C’est ainsi que le moment où le président Emmanuel Macron a remis la grand-croix de la Légion d’honneur à son homologue égyptien n’a été immortalisé que par un caméraman de la délégation égyptienne. Cette décoration en catimini a soulevé un tollé parmi les défenseurs des droits humains. Un intellectuel italien, Corrado Augias, a même rendu sa légion d’honneur, lundi 14 décembre, pour protester la distinction d’une personne qu’il juge « complice de comportements criminels ».
Du côté de la presse française, la polémique autour de cette décoration protocolaire ravive le sentiment d’avoir été tenue à l’écart de tout un pan de la visite officielle du maréchal Sissi. Les journalistes ont uniquement été autorisés à assister à l’accueil du président égyptien par son homologue français au palais de l’Élysée, ainsi qu’à la conférence de presse qui a suivi.
« On n’est jamais présents pour la remise du collier de la légion d’honneur aux dignitaires étrangers. Mais j’ai pas le souvenir d’avoir déjà vu un diner d’État qui ne soit pas couvert par la presse », affirme Jacques Witt, photojournaliste depuis une trentaine d’années. La cour du palais de l’Élysée est alors ouverte aux médias dans la soirée pour leur permettre de filmer et photographier l’arrivée des invités.
« On a découvert a posteriori ces images de Sissi sur Quotidien. On n’a pas eu accès au programme complet de la visite et le diner d’État n’était pas marqué sur l’agenda présidentiel », renchérit un journaliste qui suit l’Élysée, également membre de l’Association de la presse présidentielle. « En France, on n’est pas dans une culture de transparence à l’anglo-saxonne, où les rencontres de chaque conseiller sont inscrites à l’agenda. »
La question de la légion d’honneur n’avait alors pas été évoquée. Les visites d’État en France sont pourtant le fruit d’une mécanique bien rodée, avec plusieurs passages obligés : diner de gala, cérémonie aux Invalides et à l’Arc de Triomphe, passage à l’Assemblée nationale et au Sénat, visite à la mairie de Paris, etc.