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Brutalité policière: la police ne démissionne pas, « fait un pas de côté »

Les affaires de brutalités policières causant la mort souvent d’honnêtes citoyens se succèdent en Belgique; la petite Mawda, Adil, Akram le mois dernier à Anvers, Jozef en 2018 à l’aéroport de Charleroi, passée sous silence jusqu’à la fuite la semaine dernière de la vidéo révélant l’ampleur du scandale et l’ambiance nazi qui régnait au moment de « l’étouffement » du passager pour le calmer semble-t-il. Le plus interpellant est le fait que le ministre de l’intérieur d’alors le nationaliste Jan Jambon prétend ne pas être informé de cette affaire, tout en déclarant:  « le rapport (demandé par son cabinet à la police) ne permettait « en aucune manière » de conclure à une intervention problématique de la police. « À ce moment, une procédure judiciaire était déjà lancée et il revenait au parquet d’enquêter sur les faits. » A quel moment une intervention policière serait problématique pour le président flamand?

La langue du bois de la classe politique n’est pas surprenant, ce qu’il est aujourd’hui est le terme employé par la police pour désigner un limogeage ou une démission. « Fait un pas de côté » est utilisé par la police pour nous apprendre le départ d’André Desenfants, le numéro 2 de la police fédérale qui a fait un pas de côté jeudi, puis M. Danny Elst, le patron de la Police Aéronautique, deuxième officier supérieur à faire un pas de côté dans le cadre du dossier de l’affaire du Slovaque Chovanec. La Police Aéronautique est chargée des contrôles et de la surveillance aux frontières extérieures des six aéroports Schengen de Belgique.

Contacté par nos soins, un porte-parole de la police fédérale affirme que ce retrait n’est pas une sanction ni une démission. Le porte-parole indique qu’il s’agit d’une mesure temporaire prise par le commissaire général de la police fédérale, Marc De Mesmaeker. Notre interlocuteur précise que cette mesure disciplinaire a été prise pour assurer le bon déroulement de l’enquête interne actuellement en cours. Danny Elst sera affecté à un service administratif de la police.

Après André Desenfants, le numéro 2 de la police fédérale qui a fait un pas de côté jeudi, M. Elst est le deuxième officier supérieur à faire un pas de côté dans le cadre de ce dossier.

Un signal fort

« C’est un signal fort qui montre que la gravité des faits sont reconnus. Un signal fort, aussi, envers les nombreux bons agents de police qui font leur travail et qui, j’en suis convaincue, ne peuvent accepter ce genre de comportement de leurs collègues« , s’est exprimée Ann Van Den Steen, avocate de la famille Chovanec.

Ça donne clairement l’impression qu’au niveau politique on a demandé des têtes

La police fédérale nous a précisé que le retrait du chef de la Police Aéronautique ne signifie pas qu’il soit coupable. La décision est pourtant inhabituelle. « Ça donne clairement l’impression qu’au niveau politique on a demandé des têtes, et qu’on est en train de les fournir. C’est assez pénible à voir« , a estimé Thierry Belin, président du syndicat libre SNPS en province de Namur. « C’est très inhabituel. Maintenant voilà, des gens qui font un pas de côté parce qu’ils estiment devoir le faire, pour mieux assurer leur défense parfois ça arrive, mais c’est heureusement de manière exceptionnelle, en effet« .

Le ministre de l’Intérieur n’a pas souhaité réagir à ce retrait. Sa réaction sera entendue mercredi prochain en commission de Justice

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