Dénonçant un «défaut de communication» qui porte «gravement préjudice à Monsieur Ramadan», ses avocats demandent à la Garde des Sceaux la saisie de l’Inspection générale de la justice.
Selon Le parisien, la réservation d’avion fait partie d’une note adressée le 6 décembre dernier par les avocats de Tariq Ramadan à la section P20 du parquet de Paris, c’est-à-dire la section chargée de diriger l’enquête préliminaire ouverte le 20 octobre dernier. Dans un e-mail du 7 décembre, le service de l’accueil et du bureau d’ordre pénal du parquet accuse pourtant réception de la note, précisant que le courrier «a été transmis au service compétent».
Alors que le théologien est placé en garde à vue mercredi dernier, ses avocats s’étonnent qu’à aucun moment les enquêteurs du 2e district de police judiciaire (DPJ) ne l’interrogent sur son alibi. Et pour cause : ils ne savent pas de quoi il retourne. En urgence, Mes Bouzrou et Granier envoient un courrier au parquet de Paris pour obtenir des explications. Les policiers en font manifestement de même comme en atteste un procès-verbal rédigé jeudi après-midi par une capitaine du 2e DPJ : «Sommes avisés électroniquement par Madame L. de la réception d’un courrier adressé par Me Bouzrou au parquet de Paris en date du 6 décembre 2017. Madame L. nous indique que la section P20 n’a jamais été destinataire de ce courrier, sans raison connue».
La perte temporaire de la note n’est donc pas contestée. Le procès-verbal décrit ensuite le contenu de ce courrier vieux de près de deux mois. La réservation du billet d’avion fait enfin son entrée dans la procédure le 1er février à 15h45, à quelques minutes seulement de la confrontation entre Tariq Ramadan et son accusatrice. L’islamologue sera mis en examen et incarcéré le lendemain à l’issue de sa présentation devant les juges d’instruction sans que ce fameux alibi ne soit vérifié. Contacté, le parquet de Paris «ne souhaite pas faire de commentaire».